jeudi 25 février 2016

Avant-dernière fournée de photos

Il en restera quelques dernières à venir la semaine prochaine.








Journal de bord : lundi 21 au jeudi 25 févier

Dernière ligne droite avant de quitter Aride, tout ranger et nettoyer la baraque. La semaine a été bien occupée et est passée très vite. Je suis retourné deux fois en fin d’après-midi au point de vue. Ce fichu red-tropicbird restera un mythe. Par contre, à la place, quasiment par inadvertance, j’ai coché la seconde espèce de frégate qui vit sur Aride, la Frégate Ariel, en prenant au hasard un mâle en photo parce qu’il passait à ma hauteur. Donc c’est cool.

J’ai aussi pu retourner au point de vue nommé « Aux cabris » qui est vraiment chouette mais dont le sentier d’accès est devenu quasiment inexistant. Sans m’en rendre compte, je me suis assis en bordure de falaise juste à côté d’un poussin de Noddi brun. Je l’ai repéré quand un parent est venu me crier dessus et fonçant vers mon pied droit. Là, je suis clairement dans le genre de trucs qui font que ce séjour est formidable parce qu’impensable.

A part ça, côté cuisine, vu que c’était interdit, je n’ai pu m’empêcher d’essayer. La purée !
La purée, c’est le terme local pour dire alcool fait maison. Et sur le lieu de travail, c’est donc prohibé. Mais quand dans la discussion, les gens du coin, qu’on rencontre, te disent qu’il faut juste mélanger le fruit avec de l’eau chaude et du sucre, moi, tout de suite, j’ai envie d’essayer. Surtout qu’on a de l’ananas à profusion et que je peux donc me permettre d’en sacrifier un pour faire ma petite chimie. Et bien, après dix jours de fermentation, ça pue, ça gaze bien mais surtout, c’est buvable ! Et le goût est pas mal. On a donc l’effet livarot qui signifie qu’entre l’odeur et le goût, tout un monde les sépare.  Donc, voilà, c’était surtout pour voir si c’était faisable. A première vue, oui.

 Jeudi, départ pour Praslin, la mer est presque d’huile. Bonne nouvelle pour ne pas tremper mon sac de rando. Décollage à 18h15. Donc nickel même si j’ai eu un peu peur qu’il me débarque du bateau à côté de l’aéroport avec du retard (vu que Uzice m’avait dit 18h). Bref, j’hésite encore entre un comportement mesquin pour me faire stresser, une parfaite connaissance et maîtrise des horaires et du timing pour savoir quand y aller ou tout simplement un manque de professionnalisme.

En prenant l’avion, j’avais oublié qu’à l’aller, je pouvais senti l’air penser entre la porte et la carlingue. J’étais assis juste à côté donc j’avais eu le temps d’inspecter la chose. Là, j’étais placé loin de la porte et le hublot présentait un parfait hermétisme.

Pour les fans de Lost, dont je suis, avec mon petit avion Praslin-Mahé, j’étais pas mal au niveau des nombres. Je rappelle que dans la série, la suite de chiffres 4-8-15-16-23-42 est importante et que chaque nombre revient souvent.

Avec un vol à 18h15, un bagage numéroté 48 et un code de voyage commençant par 23, le tout sous les tropiques j’étais sur un bon début mais heureusement, tout s’est bien passé. Me voilà à Mahé, dans un lodge bien sympa, tenu par Julietta qui travaille aussi à ICS. Je saute de joie, heureux d’avoir quitté l’ile, heureux d’avoir toujours mon ordinateur fonctionnel et ses photos dedans, heureux que rien n’ait pris l’eau, que le sel n'ait rien rouillé trop vite. Oui, étrangement, ce sont ces petits trucs-à qui me soulagent le plus pour le moment. Je n'ai pas de nostalgie particulière, ni pour les gens rencontrés (y en a des biens quand même), ni, surtout, pour la faune observée. On verra si ça viendra plus tard.


P.S. : Détail amusant. Jean-Claude et Bernard m’ont demandé ce jeudi, à deux moments différents, si je comptais revenir aux Seychelles. C’est dur de mentir car je n’en ai absolument pas l’envie, même si je sais quels sont les bons côtés. Mais la vérité est que l’on ne sait jamais ce que l’avenir nous réserve.

Journal de bord : samedi 20-dimanche 21 février

WEEK END ! C’est toujours un plaisir. Mais je suis enrhumé. Attraper froid aux Seychelles, c’est un comble. Je suppute que la matinée de mardi est en cause dans ce problème de santé. Au moins, je me prépare bien au retour en France.


J’ai encore cherché le Phaéton à queue rouge le samedi mais j’ai fait chou blanc. Le dimanche, j’ai cherché un autre spot en matinée, j’ai beaucoup crapahuté, trouvé deux bouteilles d’eau au ¾ pleines bien paumées (car je l’étais moi-même) près de la crête. Vu l’endroit, ça implique forcément qu’on est dans des « professionnels » et non des touristes qui ont laissé cela ou plutôt oublié. Je les ai décalé de quelques mètres, leur donné une chance de les retrouver au retour mais j’ai pris un chemin différent (me suis repaumé, soyons francs) donc le charme de la découverte de bouteilles en plastique devrait un jour opérer à nouveau sur quelqu’un qui arpentera Aride hors des sentiers battus. Excursion bien crevante et pas de phaéton à l’horizon mais toujours d’autres belles images.

Journal de bord : Lundi 15 au vendredi 19 février

Bernard est revenu !!! Voilà, un peu comme si de rien n’était. On verra durant la semaine ce qu’il raconte. Jim part en vacances pour un mois ce lundi et le pilote de bateau sera Albert pendant son absence. C’est donc lui qui m‘emmènera à Praslin. J’aurais une appréhension jusqu’à la fin. Et donc aussi, mon vol pour Mahé serait le jeudi 25 en après-midi. Je quitterai donc Aride un jour plus tôt que je ne pensais. Ça me convient tout à fait.

De lundi à jeudi 7h (heure du relevé météo), il a plus 20 cm. C’est pas mal du tout mais Juan dit que l’an dernier, c’était pire et au niveau des maisons, c’était vraiment super inondé. Bref, ce n’est pas vraiment concevable tant qu’on ne l’a pas vu de ses propres yeux.

La mer était également très agitée et bien sûr, c’est cette semaine que les indiens font un ravitaillement nourriture, ciment, sable et parpaings. Ça a jamais été aussi galère et dangereux de pousser le bateau et évidemment, dans ces moment-là, on le fait une vingtaine de fois et deux fois (mardi et mercredi). Le mercredi, on a passé 5 heures sur la plage rien que pour ça, avec du vent et des vagues qui plutôt fortes. C’est la première fois que j’avais frais aux Seychelles. Bref, c’était tout pourri mais il n’y a pas eu d’accident. Normalement, en parlant bateau, mon prochain voyage en bateau sera celui du départ. J’avoue être soulagé.

La pluie nous a pas mal limités pour le reste du boulot qui se fait toujours en extérieur. Il n’y a qu’à partir de jeudi après-midi qu’on a pu faire quelque chose.

Mercredi en début d‘aprem’, il y avait quand même une accalmie qui m’a permis de bosser un peu et de trouver un Gygis couvert de pisonias. Je ne pensais pas voir cela vu que les arbres sont encore en plein développement de leurs graines mais d’une part, certains sont prêts avant les autres (ils font des graines noires collantes) et d’autre part, même si certains arbres sont prêts, il fallait qu’un oiseau est la malchance de se poser dans l’un d’entre eux. Avec, cet oiseau, ça n’a pas raté. Le pire, c’est que ça fait de superbes photos. Bon, après, je l’ai quand même attrapé pour lui retirer ces graines mais il en avait vraiment trop, y a toujours des plumules qui partent avec et surtout, même une fois une zone alaire dégagée, les plumes restent toutes collantes et l’empêchent de voler. Bref, il était condamné.


Les pisonias deviennent une plaie pour les oiseaux à partir de mars et quelqu’un m’a dit que le sol est tellement collant là où les graines tombent que ça flingue vos chaussures. Après avoir vu cet oiseau, je veux bien croire cette personne.

Journal de bord : vendredi 12 au dimanche 14 février

Week end en petit comité sur l’ile, Delphine, Juan et moi. Certainement l’un des plus tranquille et des plus agréables même si du côté hindous, c’était pas terrible. Je m’explique. Le week end dernier est arrivé sur l’ile Irjhi, qu’on appelle Foreman. C’est le chef de chantier, il était déjà sur Aride avant mon arrivée et là il revient. Et on m’avait prévenu. Personne n’aime Irjhi. Ben c’est vrai ! Durant la semaine, je le croise, le salue, ça va, classique.

Vendredi soir, on joue aux dés avec Ajay et Dhiraj, on a ouvert le mousseux pour l’occasion d’être en effectif restreint et pour inaugurer les verres en noix de coco que Ajay, charpentier, a fabriqué et nous a offert. Delphine a en plus du chocolat de France reçu récemment. Bref, on a un peu amélioré le jeu de dés traditionnel qu’on fait d’habitude (on joue au 10 000 d’ailleurs si ça vous intéresse). En pleine partie, Irjhi passe près de nous, nos deux indiens sentent que ça ne va pas le faire. Et ça ne rate pas. Après cinq minutes, il revient et les deux quittent la table aussi sec tout en lâchant un « big problem ». Bon, au final, ça peut aller mais Irjhi ne veut pas qu’ils viennent s’asseoir chez nous, c’est quand même juste une table extérieure, et qu’on joue aux dés ou cartes ensemble. Heureusement, pour l’alcool, il n’a pas du tilté. Sinon, le prochain coup, il téléphone au patron à Mahé et les gars quittent Aride. Sympa l’ambiance.

Au passage, je ne pense pas avoir donné les prénoms de tous les indiens. Donc, en ce moment, en plus de ces trois-là, on a le cuisinier Ganesh, l’ancien chef de chantier Bhimji (plus coulant donc que Irjhi), Meghji, Baba et le jeune Arnand.


A part ça, je cherche toujours mon tropicbird à queue rouge mais rien pour le moment. J’ai une idée plus précise d’où il est et je chercherai depuis un autre point d’observation le prochain coup. On a deux nids de Pies chanteuses, ou merles Dyal j’ai découvert comme autre nom,  avec un œuf dedans. C’est une bonne nouvelle.

jeudi 11 février 2016

Journal de bord : Lundi 08 au vendredi 12 février et photos

Cette semaine, j’ai fait des visites guidées. Ça se toujours bien, peu importe le pays où je me trouve.  
Bernard reste aux abonnés absents, tout comme l’internet. Sauf que l’internet, mon sait maintenant pourquoi ça foire, c’est l’antenne qui est pétée.

Mercredi, Ganesh m‘a fait goûter du chapati cuisiné à une sauce différente. Il en a fait des miettes et les a fait cuire avec de l’orange, su sucre, du sel et du chili. Pour l’agrémenter, il rajoute des sortes de petites lentilles. Ils m’ont tous dit que c’était super énergétique et ça ne m‘étonne pas vu que les téguments, c’est connu pour être riche. Et au passage, il a rajouté une sauce curry, toujours bonne et toujours épicée.


Il semble bien être meilleur cuistot que Niles et il m’a aussi fait goûter du chapati frit. Apparemment, on peut faire plusieurs recettes à partir de cet ingrédient de base.


Noddi brun et son petit



Tortue imbriquée de Cousin

Vue depuis le sommet de Cousin sur Aride

La Sterne bridée

Des drome mais je préfère le terme anglais de Crab Plovers.


Retour sur Aride avec un ado de Tropicbird qui attend bien sagement sur le sable avant de partir en mer, au large, à la nage.

Journal de bord : vendredi 5 au lundi 8 février

Pour ce second week end hors de l’île, direction l'île de Cousin. Un excellent week end riche en savoir. Cette île, au moins deux fois plus petite que Aride a déjà eu 700 pontes de tortues imbriquées durant cette saison contre 55 chez nous.

Elle accueille une organisation appelée Nature Seychelles avec en ce moment 5 volontaires (Mikaeala, Pauline, Julia, Alicia et Rémi) qui font beaucoup de patrouilles de tortues (vu le nombre de pontes, faut mieux oui). Il y a beaucoup plus de plages que sur Aride. Ils cherchent aussi les nids des Gygis et des Phaétons.

L’accueil était très sympa. On mangeait tous ensemble. J’ai même apprécié du carpaccio de thon. C’est vrai que c’est comme de la viande (à ce qu’on m’avait dit).

Niveau bestioles, pas déçu non plus car j’ai pu voir de près des sternes bridées. Alors que sur Aride, elles restent à tourner autour de l’île pour pêcher et se posent dans des endroits peu accessibles, sur Cousin, on les voit nettement et elles nichent sur l’île (une centaine de couples).

Par contre, grosse bonne surprise, j’ai vu un couple de Crab Plovers, dromes en français mais je trouve que ça sonne moins bien, et j’ai pu bien les observer sur les récifs à marais basse le dimanche matin. Récifs où errent des crabes, d’autres limicoles et aussi une belle grosse murène vraiment en bord de plage, se faufilant dans les rochers où la profondeur d’eau n’excède pas 20 centimètres. Donc, c’était une observation assez impressionnante.

De plus, il y avait depuis une dizaine de jours et pour un total de 5 semaines un couple de jeunes chercheurs anglais, Laura et Dave. Ils baguaient les fauvettes des Seychelles, prenaient des échantillons de sang, étudiaient leur comportement et cartographier leur territoire. Cet animal est en suivi continu depuis 30 ans, donc on commence à avoir une belle masse de données dessus et écoutez Dave raconter les différentes découvertes comportementales est très enrichissant. Comme ça, pêle-mêle, déjà, nos amis les moustiques les attaquent ici et peuvent leur inoculer la malaria (!!!). Il y a un millier de malarias aviaires. Heureusement qu’il n’y a pas la forme qui touche l’homme sinon, on serait tous foutu depuis longtemps sur ces îles. Il y a des couples fidèles, infidèles, des grands-parents qui aident des parents à nourrir les petits. Il y a donc des super-âgés s’il y a des grands-parents (20 ans voire plus) mais souvent c’est un grand frère ou une grande sœur qui aide les parents. La fille va aider à couver et le garçon à garder le nid (vous ne pouvez rien contre les stéréotypes mâle-femelle) mais les deux sexes aident à niveau égal le nourrissage d’un poussin. Ils gardent farouchement leur territoire et certains font tout pour grappiller des mètres carrés en plus année après année. Pourtant, parfois, dans un territoire, il peut y avoir un autre mâle qui traîne et le couple l’ignore complètement, le laisse faire ce qu’il veut comme s’il était invisible. Ce qui est certainement l’un des trucs les plus étranges). Avec l’ADN, Dave pense qu’il y avait 30 000 individus avant l’arrivée de l’homme (il dit que c’est un calcul facile à faire en fait) et maintenant, on en a 5000. Cousin et Aride sont complets. Faudrait que ça repeuple Frégate et Mahé (Praslin, je suppose aussi).

A côté de ça, en parlant d’ADN, il a dévié sur une conférence qu’il avait vue aux Etats-Unis et le dernier truc de folie qui fait peur. On a découvert par hasard une bactérie capable de découper n’importe quel gène. Elle utilise pour cela une enzyme, l’enzyme crypta. On s’est surtout rendu compte qu’on pouvait utiliser l’enzyme crypta pour faire ce qu’on voulait avec n’importe quel gène.
Exemple, on la programme pour découper le gène de la couleur d’yeux que vous avez marron et de le remplacer par le gène de la couleur bleu. L’enzyme va le faire sans rencontrer aucune difficulté. Ainsi, le changement est fait à vos cellules et le changement de couleur s’effectuera en quelques mois, années, avec le renouvellement cellulaire.

Un type l’a utilisé en aérosol sur ses souris de laboratoire pour accélérer leur développement du cancer des poumons pour ainsi attendre moins longtemps avant de faire ses études. Ça a fonctionné du tonnerre. Bien sûr, ça ouvre la voie à une super arme biologique. Pour plus d’infos, le magazine New Scientist a fait son dossier là-dessus dans son dernier numéro. Enfin, bref, faut que je chope des informations sur cet avenir post-naturel.


Donc voilà, c’était très enrichissant ce week end et très agréable.

Journal de bord : Lundi 1er février au vendredi 5 février

Encore une semaine de passée, plutôt classique en soi. L’internet sur Aride a cessé de fonctionner durant le week end et dix jours plus tard, ce n’est toujours pas réparé. Si vous voulez un bout de tranche de vie seychelloise et de son style, en voilà un justement pas mal. Delphine demande au manager « Tu sais ce qu’il a comme problème l’internet », il lui répond « Non, les ingénieurs savent ». C’est à la fois impertinent, railleur et philosophique. Et ça représente bien notre quotidien verbal.

Dans les phénomènes « marrants » et intéressants qui pourraient aussi représenter une part de la culture locale (mais je n’en fais pas encore une généralité), nous avons le cas Bernard. Arrivé depuis janvier pour effectuer la maintenance (c’est-à-dire pour l’instant, changer les fenêtres de SA maison et construire une table pour LE manager (parce qu’on ne peut pas refuser une demande du manager), il était parti en week end à Mahé avec un mal à l’épaule droite. Il comptait bien aller consulter une clinique. Depuis, on n’a plus eu de nouvelles…


Dans les faits mignons, vendredi matin, on a déterré un nid de tortues imbriquées située sur le sentier. Surprise, elles étaient toutes là, en attente de partir. En fait, le sol était tellement compact (certainement à cause des centaines de pas au-dessus d’elles depuis deux mois) qu’il leur était impossible de creuser le sol avec leurs petites nageoires. Elles devaient être bloquées là depuis deux jours je dirais, bien affaiblies. On les a mises à la mer, 155, et surtout, le hasard a fait qu’on a procédé à ce sauvetage devant des touristes, donc forcément, c’était un grand moment pour eux et avec un peu de bol, ce sera leur meilleur moment aux Seychelles.

mercredi 3 février 2016

Journal de bord, week end du 30-31 janvier

C’est le festival de BD d’Angoulême !!!

Merde… Loupé deux ans de suite. Et comme le dit le dicton,…


Journal de bord, lundi 25 - vendredi 29 janvier

La vie suit son cours sur l’ile. Niveau touriste, on ne peut pas dire que ce soit la foule. Perso, ça ne me dérange pas. Dans les grands faits, le jeudi matin, on a fait du « Management vegetation » comme l’indique le planning. En français, je verrais bien les mecs plutôt écrire de « l’aménagement du territoire ». Dans les faits, c’est du défrichage. On coupe plein d’arbres et de plantes situés autour des bâtiments, à la machette s’il vous plaît. Niveau sécurité, c’est donc le top (Non, ne me laissez pas tenir ce truc, je sens une montée de maladresse m’envahir) et au final, le ranger Juan s’est tapé une branche tout seul comme un grand (qu’il dit, j’ai pas vu) et il lui manque une incisive supérieur maintenant (ça, je l’ai vu par contre). Je me dis qu’à part les possibles torsions de chevilles nocturnes, on a donc possibilité de s’accidenter sur l’ile.

Événement sympathique, dans la nuit de mardi à mercredi, une tortue verte est venue pondre. Le volume de sable déplacé est beaucoup plus important que celui de la tortue imbriquée. Les traces de pas sont plus larges. Le problème est que ça a lieu à n’importe quel moment de la nuit donc pour en voir une, ça va être bonbon.

Cela peut néanmoins nous amener à un petit topo sur les tortues seychelloises. Un bon seychellois peut observer dans ce pays, s’il se débrouille bien, six espèces de chéloniens ici, deux tortues terrestres et quatre tortues marines. Pour les terrestres, si vous suivez tout depuis le début, vous les connaissez bien, il y a les tortues géantes et les petits terrapins grosse comme des cistudes. Pour les tortues géantes, j’ai appris qu’on est passé pas loin d’une catastrophe totale (mais, rassurez-vous, il y a bien catastrophe). La Torti Zean, selon l’appellation créole, de Curieuse et des iles granitiques vient d’Aldabra, dernier endroit de l’océan indien où elle n’avait pas été exterminée. A part elle, on trouvait 5 autres espèces de tortues géantes terrestres, une dans les iles granitiques (hé ouais, elle ressemblait beaucoup à sa cousine d’Aldabra mais ce n’était pas la même), une à La Réunion, deux sur l’ile Maurice et deux à Rodrigues (lieu que je ne connaissais pas avant de lire ce topo sur les Giant Tortoises indiennes). Donc, on avait fait un sacré boulot mais au moins la dernière espèce présente, on y prête attention maintenant.

Le terrapin, ou Torti Soupap, n’est que dans les iles granitiques des Seychelles et ce serait la même espèce que sur le continent africain mais pour d’autres, il s’agit d’espèces distinctes.

Les Tortis Dmer visibles ici ne sont que deux à pondre ici, les vertes ou juste Tortis et les tortues imbriquées ou Kares.

Les Kares pondent de septembre à janvier et majoritairement dans la partie nord des Seychelles (le groupe d’Amirantes, Desroches, Alphonse, Platte, Coetivy et les iles granitiques) et étrangement, elles viennent pondre le jour alors que dans la plupart des pays où elle creuse son nid, elle le fait de nuit. C’est une mangeuse d’éponges. Elle était un peu consommée parce qu’empoisonnée parfois, possiblement à cause, ou grâce, à son alimentation spongiaire.

A l’inverse, les Tortis pondent de janvier à septembre, de nuit donc, et majoritairement dans le sud du pays (les iles de Farquhar, Providence, Aldabra, Assomption, Cosmoledo et Astove) mais elle pondait sans préférence partout avant. Elle a juste quasiment disparu longtemps du nord parce qu’elle se faisait trop chasser pour lui prendre 1,5 kilos de viande, le calipee sous sa carapace servant à la soupe de tortues). 160 000 tortues vertes tuées en 60 ans. Mais elle revient. C’est une grosse herbivore.


Il reste la Torti batar ou Nanmkoyo qui ressemble à un peu à la Kare, un peu à la Torti, ce qu’il lui a value son nom de « bâtard ». C’est une mangeuse de crabes et coquillages. L’autre est la Torti Karanbol, parce que sa carapace ressemble au fruit éponyme. C’est la plus grosse du monde avec ses 900 kilos et elle se nourrit de méduses. Aux Seychelles, vous ne les verrez normalement jamais à terre.

Journal de bord, samedi 23 et dimanche 24 janvier

Commencez son week-end par un déchargement de ciment, sable et gravier pour la construction des bâtiments, c’est toujours sympa, surtout quand on te l’annonce le matin même, alors que normalement tu ne travailles pas et qu’en plus t’avais prévu de chercher le Phaéton à queue rouge.

Mais c’est le Seychellois Style. Enfin là, plutôt le Hindi Style, vu qu’ils les ont contacté la veille pour le lendemain (ils se sont bien acclimatés au mode de vie local… à moins que ce ne soit le même système d’organisation dans leur pays) mais le seychellois t’informe au dernier moment, ce qui est encore plus classe.

Et puis le lundi, on a remis ça mais cette fois, il y avait tout le monde, ce qui a été nettement plus rapide.


A part ça, chou blanc dans ma recherche du Phaéton, vainement tenté de trouver durant l’après-midi et le dimanche matin. Le truc bien, c’est qu’il y a toujours les autres oiseaux marins qui passent près, même très près, pour faire des photos en attendant (voir l’article précédent). A part ça, ça a été calme.