lundi 26 février 2018

Les deux premières semaines de février

Semaine du lundi 05 février
Retour sur le terrain et pour cette semaine, on change un peu la donne et j’essaye de pouvoir tirer quelque chose des informations que l’on récolte avec celles qui sont à disposition. Nos chefs sont partis sur les iles Pinson et Rabida étudier le Brujo, ce qui pose déjà un petit problème pour savoir si David a des informations à nous donner. Qu’à cela ne tienne, je découvre qu’avec mon application Mapsme de téléphone, j’ai chargé la carte des Galapagos et je peux donc localiser mes points « oiseaux » dessus. A partir du seul document reçu par notre boss équatorien (une carte regroupant plein de points le long des chemins mélangeant toutes dates possibles et indifférant les observations mâles des femelles), je retrace une carte vierge que je photocopie en grand nombre. Il sera alors possible de répertorier dessus de façon hebdomadaire les observations de Brujo afin de pouvoir tracer, à la fin de l’époque de reproduction, les contours des territoires de Brujo. Cela permettra d’avoir un document papier, une trace écrite (parce qu’il n’y a rien d’imprimé) en plus des points GPS existants (mais qu’en faire si tu n’as pas le logiciel pour les récupérer ou le fond de carte pour les interpréter) qui servira de repère fiable aux prochains observateurs. Ainsi, les trois premiers jours ont été consacrés au terrain (Bien cools au passage avec la découverte de juvéniles sûrement nés début décembre, la bonne époque car la mouche Philornis ne parasite pas à cette période). Le jeudi, on peut dire que c’était relâche puisque la matinée était consacrée à une réunion de Sciences avec des présentations de 5 minutes de travaux en cours ou finis. Ça, c’est super bien pour voir ce qui se passe dans les autres laboratoires. Puis en après-midi, recherche de documents à la bibliothèque de la fondation (5 documents en stock, c’est peu et surtout rien de nouveau) et création d’une carte pour répertorier sur papier les observations (assez pratique aussi sur le terrain). Et vendredi, retour sur le terrain.

Le cucuve (nom local) en gros plan.

L'accueil est familial à Floreana.


Les iguanes sont vert et rouge ici.

Les tortues terrestres de Floreana

Cette photo est surtout pour rappeler que Floreana possède une source d'eau constante (contrairement à Santa Cruz) représentée par quelques minces filets d'eau. Je vous invite à chercher des infos sur cette ile et les européens qui sont venus l'habiter en Robinson solitaires. Problèmes de voisinage, disparitions mystérieuses, un vrai petit polar.


Une sculpture du XXème siècle près de la cave des pirates.
La playa negra
Le Pingouin des Galapagos Spheniscus mendiculus

Un iguane femelle creusant pour pondre ses œufs. 

Le Fou de Nazca Sula grantii
Du samedi 10 au mardi 13, c’est carnaval !
Carnaval, c’est quoi ? C’est d’abord deux jours de congé en plus du weekend, formidable ! C’est aussi de la musique dans la rue de Puerto Ayora sur une scène (qui me semble être l’unique lieu des festivités en ville) et l’élection sur 3 jours de la reine de la ville (à chaque jour qui passe, le nombre de candidates réduit). C’est aussi le moment pour les enfants de s’amuser en s’arrosant de produits vaisselle… En fait, on vend des bombes/aérosols mousseuses pour s’asperger mutuellement et à l’odeur, cela semble fortement être une sorte de liquide vaisselle peu concentré. Ça fait un tabac et vous êtes sûrs d’en recevoir un peu. En gros, à part la fête et danser dans la rue en soirée, le carnaval n’a pas l’air de comporter grand-chose d’autre.
Le dimanche, avec trois autres volontaires, nous avons passé une journée à Floreana. Découvrir une nouvelle ile est toujours un grand pied. Environ deux heures de trajet pour y aller où l’on peut voir Océanites, Pétrels, Fous de Nazca et Dauphins. Visite guidée d’une petite partie de l’ile. On a cherché des oiseaux endémiques de Floreana mais on n’en a pas trouvé. Ensuite, un peu de snorkeling, surtout à un spot (la Boleria) où les tortues sont en forte densité, en eau peu profonde, et où on les frôle avec facilité. Observation d’un pingouin à la Playa negra et retour à 17h.
Un bébé gecko, trop cute ! Le Phyllodactylus galapagoensis !
La semaine du 12 février est donc plutôt courte en terme de travail. Le mercredi, nous partons sur le terrain, trouvons deux nouveaux mâles dont un sur un site loin des autres et avec plausiblement une femelle. J’ai hâte d’en savoir plus. Jeudi, c’est de nouveau une journée conférence consacrée aux oiseaux et à la mouche Philornis. Vraiment bien. Dans un premier temps cela permet de se rendre compte de tous les travaux existants en ornithologie aux Galápagos (ça rassure un peu). Le vendredi, c’est réunion spéciale Brujo toute la matinée. Pour l’occasion, les volontaires d’Isabela sont revenues passer deux journées à Santa Cruz. On coordonne les actions et la façon de répertorier les informations. On teste du matériel. Manque de chance pour Eileen, malade depuis la veille en aprem’, elle ne peut retourner à Isabela en ce vendredi après-midi. Je la replace et m’en vais accompagner Célina dans l’étude du Brujo sur la plus grande ile de l’archipel. Il était prévu qu’un jour, j’aille sur leur site pour les épauler mais aucune date n’avait été fixée. Au final, je me retrouve à partir la veille pour le lendemain (oui, jeudi, on avait évoqué la question) sans savoir combien de temps je vais rester. Voilà un peu d’aventure.
Isabela me rappelle beaucoup plus les Seychelles par son ambiance et ses routes en terre. J’y observe quelques Flamants roses (ça commence bien) et j’arrive sur le site durant la nuit. Idéal pour garder du mystère sur le lieu jusqu’au lendemain matin.
Le bar est sur la plage à Isabela.

La vue depuis le boulot, au réveil.
Le lieu de vie de El Cura

En soirée, le ciel annonce la pluie.
Samedi 17 février, c’est pas tout ça mais à avoir eu une petite semaine peinarde, faut bien se rattraper. Alors, nous partons vérifier les nids d’El Cura. Le site ? Rien à voir avec La mina de Santa Cruz. Le lieu est ouvert, dégagé, les zones herbeuses dépassent rarement les 50cm de hauteur. Ce sont de vastes zones de pâturages délimitées par les bosquets de Escalesia et Nogal de la réserve naturelle. Ainsi, l’oiseau niche dans un arbre et chasse dans la prairie (deux habitats à disposition). Les mûres sont absentes, les Papamoscas aussi, les oiseaux-moqueurs également. Les densités des autres espèces d’oiseaux sont vraiment différentes. Là où ceux cités abondent à Santa Cruz, ils sont rares ici.
Les Brujos locaux sont majoritairement silencieux, ils couvent tous. Les nids sont à 5-10 minutes les uns des autres et il y en a une petite vingtaine à observer. C’est très différent de ce que je connais et cela rend le volontariat plus intéressant.
Ainsi, du samedi au mardi matin, je passe mes journées à observer l’espèce, à regarder le nombre d’œufs par nid, à injecter un insecticide dans les plus accessibles pour éliminer les asticots de la mouche Philornis avant qu’ils ne viennent sucer le sang des poussins. J’observe des juvéniles partiellement duveteux de moins d’un mois quémander encore de la nourriture à leur père pendant que ce dernier les entraîne à des vols prolongés. Il y a aussi des jeunes Brujos encore parsemés sur leur poitrine de quelques ténus points noirs, d’autres jeunes mâles au rouge graduel et partiel. Plus tristement, la nature fait bien loi et d’une femelle nicheuse, il ne reste que des plumes en bas de l’arbre, œufs cassés et mâle volant alentour, papillon au bec, alarmant sans fin à la recherche de sa belle. Quant au dimanche 18, on remet ça. Les journées passent diablement vite.



Habitat typique à El cura, très ouvert. Rien à voir avec Santa Cruz.

Femelle de Brujo

jeudi 8 février 2018

Fin janvier aux Galapagos

Du 22 janvier au 4 février 2018

L’étude du Moucherolle vermillon nain des Galapagos s’avère bien plus laborieuse que prévue mais ça progresse et bien que j’aille trois fois par semaine à parcourir les mêmes lieux, c’est loin d’être monotone. Dans un premier temps par les personnes impliquées dans le projet. Ainsi, dès la deuxième, Juan et moi sommes rejoints pour nos sorties sur le terrain par Lorena, équatorienne, ancienne volontaire sur le Brujo l’an dernier sur l’ile de Santa Isabela. Elle connait bien l’espèce et parcourir les lieux à trois plutôt qu’à deux reste plus agréable et enthousiasmant, surtout que nous marchons beaucoup cette semaine, entre 3h30 et 4h avec un temps variant du venteux matinal et brumeux à des bonnes chaleurs d’un soleil au zénith.
Surtout, niveau oiseaux, c’est compliqué, le premier nid est abandonné (deux œufs tombés au sol). Quant au second, il semble aussi délaissé (trois œufs dans le nid). Bref, voilà une espèce en voie de disparition qui ne souhaite pas de générations futures.
Pour ma troisième semaine, c’est un peu rebelote la même chose. Nous sommes cette fois quatre avec l’arrivée de Célina, volontaire suisse, qui reste avec nous quelques jours avant de partir suivre la population de Brujos de l’ile  de Santa Isabela (elle sera rejoint par Eileen deux jours plus tard, autrichienne, Denis, mari de Lorena et Sabine, professeur à l’université de Vienne où sont Célina, Eileen et où Denis donne des cours (oui, c’est tout un microcosme en fait).
Et là, déjà, niveau inventaire de l’espèce, ça va déjà mieux avec la découverte de deux nouvelles femelles (mais qui ne semblent pas nidifier) mardi et jeudi (preum’s sur le coup, content, surtout celle de mardi). Par contre, le couple nicheur qui avait abandonné son premier nid a abandonné son deuxième (un œuf dedans) et construit déjà son troisième.
Une bonne théorie sur ce constat d’échec de nidification serait que les oiseaux perçoivent qu’ils n’ont pas assez à manger pour leurs poussins et préfèrent donc « avorter » plutôt que de gaspiller de l’énergie à essayer de nourrir leur progéniture. Et ils attendent quoi alors les oiseaux ? La pluie ! Qui va faire proliférer les insectes et leur donner à manger. Et la saison des pluies, elle va bientôt commencer (donc, je vais me tremper régulièrement). Espérons que la théorie se vérifie.
Les jours où je ne suis pas à la Mina ou aux Gemelos, je reste aux abords de la fondation, à Barranco où  toutes les espèces nicheuses sont répertoriées. Ici, il y fait chaud dès 7h30 (au moins mes spots de prospection sont biens pour ça) et les oiseaux sont assez nombreux ; ça change un peu et ça fait des journées plus reposantes, ce qui est bien.

Un mâle de Yellow Warbler Dendroica petechia aureola

La femelle du Moucherolle vermillon nain des Galapagos

La Tourterelle des Galapagos Zenaida galapagoensis

Un iguane marin en plein crawl

Pélicans et Fou à pieds bleus

Un Brujo mâle en version huppée (ça dure pas longtemps le hérissement).

Une partie de mon lieu de travail

Le jour on n'a jamais été aussi nombreux sur le terrain.
Durant ce deuxième week-end, je n’ai pas fait grand-chose, samedi à complétement se reposer. Par contre, le dimanche fut 3-4 bonnes heures de marche autour de Santa Rosa pour me retrouver aux mêmes endroits que le dimanche précédent (le ranch des tortues et le tunnel de lave) mais en découvrant que les tortues terrestres, elles sont partout au bord des chemins et qu’en voiture, il faut vraiment faire attention. Nous étions plusieurs volontaires pour cette sortie et de plus, chez une volontaire native, ce qui m’a permis de découvrir une maison de famille du coin et de manger local.

Des canards des Bahamas



Le cimetière, à l'entrée de la Fondation, est depuis 2017 recouvert d'art street ayant pour thème les chouettes et hiboux locaux (Bref, que deux espèces, la Chouette effraie et le Hibou des marais, bien connus chez nous, rien de nouveau sous le soleil).


Pour mon troisième week-end, retour aux activités avec la visite de de deux sites de Santa Cruz, Garrapatero samedi et Tortugas Bay dimanche. Pour le premier, je pars avec mon collègue ornitho Juan sur cette plage et ses rochers volcaniques. Il y a quelques limicoles, un superbe effet de pellicules d’algues sur le sable avec des sanderlings qui picore dessus. Derrière, une lagune où traîne régulièrement un flamant rose sauf qu’avec le peu de pluie, la lagune est peu remplie. A part une poule d’eau, pas d’oiseaux caractéristiques de cet habitat, il faudra que j’y revienne après plusieurs bonnes pluies donc pas avant fin février ou début mars. Le bon conseil est d’y aller tôt pour avoir le lieu rien que pour ça jusqu’à 8h30-9h et l’arrivée des premiers touristes. A 11h, c’est déjà une petite cohue. Niveau pinsons par contres, ça m’a permis de découvrir mon premier Medium-ground finch et peut-être aussi le Large-ground Faudra que je regarde bien les photos (oui, les pinsons, c’est  compliqué ici).

Un Bécasseau sanderling Calidris alba.

Pluvier argenté Pluvialis squatarola

Grand Héron Ardea herodias cognata, sous-espèce locale.



Le dimanche, journée bien chaude (coups de soleil assurés) avec un tour à Tortugas Bay en matinée. C’est une heure de marche pour l’aller comme le retour. Très touristique (parce qu’aussi situé juste à côté de la ville), cette plage fait sans hésiter partie des plus magiques que j’ai vu. Non tant pas en elle-même (une pourtant grande et belle plage de sable fin) que par ce qu’elle possède, des iguanes ! Alors, oui, les iguanes marins, je les connais bien maintenant et j’en ai vu sur plusieurs sites mais je les associe complètement aux côtes rocheuses volcaniques. Alors les voir marcher sur les dunes grises, les dunes blanches et longer l’océan, c’est à la fois surprenant et magique. Tellement d’un autre temps, c’est regarder Jurassic Park, voir des petits dinosaures déambuler là et s’imaginer qu’à l’époque Trias-Cétacé, oui, des gros reptiles marchaient parfois sur de belles plages là où on les imagine systématiquement dans des forêts, prairies, clairières et autres zones végétalisées. Bref, j’ai voyagé dans le temps et ça m’a plu. Au bout de la balade, il y a une autre plage idéale pour l’observation des poissons mais je ne comptais pas me baigner de toute façon.
Puis, l’après-midi, je retourne avec une volontaire polonaise, Alex, à las Grietas, découvert lors de mon premier week-end, c’est noir de monde. On préfère ne pas s’y baigner et aller plutôt sur la partie plage pour faire du snorkeling. J’y vois mes premiers requins, j’y grille un peu plus (bien que j’ai mis de la crème toute la journée) et j’y vois aussi au niveau des salines, en fin d’aprem’, une jolie concentration de courlis cendrés et de gravelots semi-palmés. Ça valait le déplacement.

Courlis cendré et Iguane marin


L'Iguane-chat


Héron strié juvénile Butorides striata sundevalli


Sanderling et iguane. Oui, les iguanes, c'est vraiment trop bien à prendre en photos.

Après Abbey road, ...


Ce dimanche était aussi un jour de vote en Equateur pour une consultation populaire. Obligatoire, il en coûte 37$ à celui qui ne se présente pas.

D'où l'utilité des bancs sur les ports.