Nos dernières journées de l’an 2015 se
rythmaient par des réveils matinaux pour aller tous ensemble avec les indiens
transférer sable, ciment et cailloux depuis un bateau au large jusqu’au bord de
la plage. Ça nous prenait entre une heure trente et deux heures tous les
matins, et donc, à 8h, c’était fini. Une heure de pause puis on retournait à es
activités plus traditionnelles, accueil du public (donc encore des séances de
bateau), patrouille de tortues, nourrissage des Pies et des inspections de
terriers de puffins. Le 30, tour à Praslin l’aprem’, de quoi acheter à manger
et boire pour faire un pré-réveillon tous ensemble le soir même vu que les
quatre seychellois quittent Aride Is. le 31 pour fêter la nouvelle année chez
eux. Au retour, on fait le tour de l’île pour compter les frégates (environ
1400), là, tu fais péter ton petit compteur manuel et t’appuies avec ton pouce
comme un fou pendant 15 minutes. Le repas du soir, ce pré-réveillon était bien
d’un point de vue culinaire (je profite toujours de ces moments pour me
goinfrer et économiser ma bouffe) mais l’ambiance était passable. Ça a été une
sorte de repas monacal qui, une fois finie, s’est conclu par un chacun chez soi
pour clôturer la soirée. Résultat, le 31, quand ils sont partis à 13h, jusqu’à
lundi matin, j’ai ressenti comme un grand moment de quiétude m’envahir. Mellinda
aussi.
L’événement du 30 a surtout été la présence
d’un « héron » aperçu plusieurs fois durant la matinée, houspillé par
les Gygis blanches. Un coup vers 6h, un autre vers 8h30. Là, je me dis un peu
merde quand même, j’aimerais bien le voir ce héron cendré (parce que niveau
héron, ça ne peut être que ça, le plus commun) histoire de voir le comportement
des sternes autour de lui et puis pour cocher un oiseau en plus vu sur Aride.
Heureusement, à 9h15, il refait surface, visible depuis le lodge. Juan va
chercher son appareil photo, va vers la plage pour avoir une meilleure
visibilité, au milieu des fondations du futur hangar en construction (par les
indiens). Je le suis, vois le piaf et me dis que ça, ce n’est pas un héron
(montée d’adrénaline) mais je sais pas, je tenterais bien un ibis (vu qu’il est
recensé dans le guide ornithologique des Seychelles) mais ça reste
exceptionnel. Je cours prendre mon appareil photo, ressors (ça a pris une
minute trente, on est vraiment devant les maisons), commence à zoomer sur la
bête et là, ça ne trompe plus. Avec un bec comme ça, c’est une spatule !!
Je le dis à haute voix direct et les autres s’interrogent aussitôt
« Spatule, spoonbill ? » En fait, ils n’en avaient jamais vu
donc ils se questionnaient pas mal sur le bec et ce qu’il avait attrapé (un
poussin peut-être), ce qui est normal quand on ne connaît pas. Mais là, je leur
dis que ce que je vois, c’est une spatule et que j’ai vu suffisamment de
spatules dans ma vie pour en reconnaître une quand je la vois (aux jumelles
hein dirons-nous puisque 3 minutes plus tôt, je théorisais sur un ibis, pas).
Bref, d’un coup, j’étais super affirmatif mais même si j’avais beau savoir quel
type d’oiseau c’était, il restait encore l’espèce à trouver et mon choix se
posait entre deux spatules. Vu son aire de répartition, Platalea leucorodia
semble la plus probable (la Spatule blanche de chez nous) mais il y a aussi la
Royale (océanienne) qui lui ressemble beaucoup. Bref, il y a plus qu’à envoyer
les photos et d’attendre d’autres avis.
Le 31, réveillon très soft, bord de plage à
observer les étoiles, voir les rares lumières de Praslin au loin, avoir dans
l’œil l’une des plus balèzes étoiles filantes que j’ai eu de ma vie et dodo
parce que les levers successifs avant 6h du mat’, ça fatigue un peu.
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