Pour aller à Iquitos,
grande ville de presque 700 00 habitants perdue dans la jungle amazonienne,
appelée localement selva, il faut y aller par voie aérienne ou fluviale. Depuis
Chachapoyas et parce que l’expérience doit être sympa, je me prépare à y aller
par bateau.
Il faut tout d’abord
prendre un bus qui emmène jusqu’à Tarapoto, où il n’y a pas grand-chose à faire
à mon goût) puis enchainer sur un autre bus (passer une nuit à Tarapoto est
conseillée) pour Yurimaguas. De là, faut attendre un bateau (il n’y en a pas
tous les jours) puis pour 100 soles, vous pourrez voyager 48h (3 jours – 2
nuits), repas inclus, dans une atmosphère locale et dormir dans un hamac que
vous aurez acheté préalablement (n’oubliez pas d’acheter les deux fois deux
mètres de corde pour attacher votre acquisition).
Et c’est parti. Pour
midi ! Bon, 13h30 finalement. Niveau information pour savoir où embarquer
et à quelle heure, c’est bien galère et souvent contradictoire. Nous sommes
cinq français à voyager ensemble. La jeune Sarah a rejoint la clique que nous
étions à Chachapoyas. C’est tout de même plus confortable de rencontrer des
gens avant ce voyage. Cela permet de savoir à côté de qui on dormira et ça
optimise la surveillance de nos bagages. Malgré ça, trois d’entre nous se seront
quand même fait dépouiller (des ouvertures latérales des gros sacs à dos) de
babioles. Nous soupçonnons les gosses qui dormaient à côté de nous. Pour ma
part, je me suis fait tirer un petit sachet plastique contenant du PQ (très
utile pour le bateau, n’oubliez pas), un taille-crayon, une gomme,… et surtout
mon permis de conduire et ma carte d’identité (oui, j’avais rangé ça avec les
breloques). Et ça, durant les dernières heures du trajet, pas de bol le gars.
Mais passons au voyage
en lui-même. Primo, le miam-miam et les horaires pour manger. Il faut avant d’embarquer
s’équiper d’un récipient et de couverts sinon vous n’aurez rien. Au fond du
bateau se trouve la cuisine et quand la cloche sonne (excepté le matin), cela
signifie que le moment est venu de se mettre en rang d’oignons et
de recevoir sa pitance. Le petit-déjeuner est théoriquement de 6h30 à 7h30 mais en
vérité, dès 6h, c’est possible. Surtout, quand vous vous pointez vers 7h, vous
vous faîtes limite engueuler parce que vous arrivez un peu tard. Une bouillie chaude
d’avoine aromatisée aux épices et deux pains possiblement beurrés à l’intérieur.
Le déjeuner est à
11h30 et le dîner à 16h30. En gros, c’est viande avec du riz ou des pâtes. C’est
chaud, bien cuit et épicé comme il faut, ce qui m’impressionna pas mal vu la
quantité à préparer.
Comment se passe la
vie sur le bateau ? On est majoritairement tous au second niveau, quelques
hamacs en plus sur le ponton de troisième niveau. Il y a aussi des cabines à ce
niveau pour ceux qui le désirent, c’est 120 ou 150 soles je crois. Le voyage en
hamac peut d’ailleurs se négocier 80 soles en s’y prenant bien, en arrivant à
la dernière minute et dire que s'il y a encore plein de places (comme a fait
un basque rencontré sur le bateau). Les sacs sont tous disposés au sol, comme
on peut. On essaye de regrouper les affaires entre connaissance pour éviter les
vols. Autour de nous, beaucoup de locaux, des familles avec la marmaille
bruyante qui joue trop avec leurs jouets à klaxon. Les gens écoutent la musique
forte, tard dans la nuit parfois sans trop de respect (exemple d’un gars à 1h30
du matin qui a son téléphone qui hurle des chansons latines). Les lumières sont
allumées toute la nuit (en fait, il y a un interrupteur qu’on a découvert plus
tard, individuel pour chaque loupiote). Et vers 4-5h du matin, il est temps d’enfiler
un petit vêtement supplémentaire car il fait bien frais (alors que ça tape bien
dans l’aprem’).
Se promener sur le
ponton du second niveau est un plaisir. Tout d’abord, c’est un havre de paix,
loin de la cacophonie juste en-dessous. C’est plus agréable pour observer le
paysage alentour, vert, opaque puissant ; quelques oiseaux sur les bords
du fleuve et voir des dauphins roses au départ de Yurimaguas. La première nuit fut
sans nuages et parfaite pour observer des constellations, Orion en premier lieu
avec son arc bandé, puis autour de lui, le lièvre, le grand chien, le Taureau
ou encore Cassiopée. Quelques étoiles filantes aussi.
Régulièrement, le
bateau s’arrête quelques minutes dans les villages de la rive comme Nueva Santa
Rosa ou Nauta pour décharger œufs, oignons rouges et compagnie. Ce voyage, c’est
aussi vivre avec les vivres, leurs volumes, leurs odeurs. Tout le premier
niveau n’est consacré qu’à ça. La moitié du deuxième niveau aussi. Ça permet de
voir qu’au fur et à mesure que les jours passent, les œufs situés dans les
coins des boites de 100 disparaissent étrangement.
Vivre sur le bateau, c’est
aussi vivre avec ses déchets. Bon, ok, c’est pas vrai. On a des sacs poubelles
qui s’entassent dans un coin à l’arrière du ponton supérieur mais une fois en
approche d’Iquitos, on les balance un par un par-dessus bord et ils s’éloignent
de nous, à distance égale les uns des autres. Pour les poubelles des toilettes,
même chose. Ce voyage pollue lentement les eaux sur lesquelles on s’endort.
Nous arrivons enfin à
Iquitos, le bateau joue à pousse-pousse pour se faire une place jusqu’à un dock
et il y va fort. Impressionnant.
Petite anecdote pour
finir, il semble que la chasse aux dauphins roses existe, point pour sa viande
mais pour des sortilèges, une crème d’amour que les femmes utilisent pour
conquérir un homme. Si elle en applique sur la peau de son élu, il est pris au
piège.
Iquitos est le pays
roi du moto-taxi, ou tuk-tuk. Ici, les casques de moto ne sont portés que par
le conducteur. C’est toujours sympa quand tu transportes ta femme et ton enfant
avec toi.
On y croise un peu de
tout, un motard avec une face de clown ; des hommes déguisés grossièrement
et de façon parodique en femme, une jolie fille conductrice de tuk-tuk, à
99,9%, un métier masculin.
Il y fait chaud, en
soirée, sur le bord du malecon (front de « mer », ici front de
marais), de grosses chauve-souris volent et le marché de Belen est l’un des
plus sales que j’ai vu.
Je vais à l’auberge
Amazon within, au wifi quasi-inexistant et me décide finalement à visiter la jungle
en espérant y voir un peu de nature.
Mouette atricille Leucophaeus atricilla |
Un bon bout de canne à sucre à mâchouiller |
Et le bateau arriva à rentrer... |
Voilà le marché de Belen d'Iquitos |
La casa fierro |
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