Ce samedi matin, je me
dirige vers la Finca de Momota, récente ferme productrice de café de la ville
tenue par un catalan Uri, poursuivi par son fils de 4 ans Nico.
Difficile à trouver,
il faut aller un bout d’un chemin boueux et glissant. J’ai eu vent de cette
visite par un couple de suédois, Erika et Peter, rencontrés à l’auberge de
Minca, vus à Carthagène (même hôtel) et revus par hasard dans les rues de
Salento vendredi après-midi. Ils avaient arpenté le trek de la ciudad perdida
un jour après moi.
C’est le patron de
leur auberge (la casa La Eliana qui semble fort agréable) qui leur a indiqué cette
finca, tout comme les endroits où manger et sortir (il semble assez anticonformiste
et se fout de dire que tel endroit est une arnaque ou non).
Uri propose une visite
de trois heures, 20 000 COP, dans une partie de sa production de café. Il est
sur une mouvance de commerce équitable, durable et de production à échelle
humaine. Il explique tout en anglais. Il reçoit en moyenne 6-8 personnes par
jour mais ce matin, nous étions 14, un petit défi pour lui. La visite fut très
intéressante et très facile à comprendre.
Ainsi, il produit
majoritairement de l’arabica et un peu de robusta. Les caféiers poussent
facilement et n’ont pas besoin d’être arrosés. Il dit d’ailleurs que tout
pousse facilement ici, tu jettes une graine et hop, ça pousse.
L’arabica a eu une
maladie fongique dans les années 80, ce qui a impacté tout le pays. Une
nouvelle essence, la castilla fut alors créée, mélange de robusta et d’arabica.
Là où il faut trois ans pour avoir une première récolte d’arabica, un an suffit
pour la castilla. A contrario, un arabica dure 20 ans alors qu’un castilla doit
être coupé après 7 ans.
Plein d’autres arbres
fruitiers parsèment sa plantation (qui d’ailleurs ne fait absolument pas
plantation, les caféiers sont très espacés les uns des autres et pas alignés
comme dans un verger).
La récolte des baies
se fait quand elles sont bien rouges cramoisies et les deux variétés ne mûrissent
pas en même temps, ce qui permet d’étaler le travail sur l’année.
Quand on sent une
baie, ça rappelle l’odeur des haricots blancs. Quand on goûte une baie, la
coque rouge est sucrée, les graines (ça fait très dicotylédon) sont gainées
dans une texture gélifiée et sont très dures.
Parfois, il est
possible de trouver un ver blanc dedans mais ça va. En revanche, les vers noirs
pénètrent les graines et affectent donc la production.
Il emmène ses graines
chez un torréfacteur et ne peut donc pas nous présenter en vrai les différentes
étapes de torréfaction, juste par l’intermédiaire de photos.
Le café colombien est
originaire de plants provenant du Yémen. Les graines de qualité sont vendues
pour le marché australien néo-zélandais et sud-coréen car ce sont eux qui
payent le plus.
Après, chaque pays le
torréfie à sa façon. L’Allemagne a tendance à trop griller les graines (voir
brûler), les néo-zélandais semblent excellents dans ce domaine. Et donc, il
serait mieux de griller façon middle roast (moyennement) les graines que version
dark roast puisque ça bousille des saveurs.
Toutefois, le meilleur
café n’est pas exporté.
Par contre les graines
difformes, trop petites, etc. qui ne vont donc pas être torréfiées de façon homogène
dans la machine à cause de leur différence de taille, sont vendues à des
compagnies comme Nescafé… le goût sera forcément différent.
De toute façon, plein
de facteurs jouent sur le goût. Rien que dans la récolte et le séchage déjà. Il
existe trois façons de sécher ces graines, traditionnelle, honey et naturelle.
Dans les deux premiers, on décortique tout puis on lave ou non les graines.
Sans les laver, le sucre reste dessus, donnant le honey (il y a red honey ou
black honey) qui sent terriblement bon le sucré. Mais je préfère la troisième méthode
où les graines sèchent avec la coque. Ça donne une odeur de fruits rouges mêlées
à de la noisette. Le procédé dure un an à Salento (avec une première partie de
séchage de trois mois) mais dans des coins ensoleillés et chauds du pays, c’est
plus rapide.
C’était très
appréciable de sentir toutes les sortes de café. Ensuite, il nous a fait
goûter un arabica et un rustica traditionnels.
Pour quelqu’un qui ne
boit pas de café, c’était intéressant de trouver des saveurs dans ce que nous
avions. Evidemment, le goût caractéristique du café est présent mais en version
allégée je trouve. Et la couleur plutôt caramel donne déjà l’impression que l’on
va déguster autre chose qu’un petit noir classique.
Egalement, avec une
cafetière à piston, votre café est bon pour 1h30, ensuite, cela peut jouer sur
votre colon. Quand vous ouvrez un paquet de café, c’est à consommer dans le
mois. Les graines se conservent au froid sans problème, voire congélateur mais
la poudre, non, car ça prendra l’humidité (on a d’ailleurs senti des graines
qui avaient pris l’humidité, pas mal d’acide lactique apparaît et on a du café
qui sent le yaourt, c’est rigolo).
Et enfin, Honduras
semble être le spot où il y a le meilleur café.
Comment parfaire votre dosage café-eau |
Le propriétaire Uri en pleine explication |
Là-dessus, il est
presque 13h, un déjeuner s’impose, à plusieurs, et pour 8 000 (9 000 avec le
pourboire, 3 euros) COP, on a un menu du jour à La gata Carola (en bon
français, la chatte Carole… ça sonne différemment). Très bon rapport
qualité-prix et on a été vite servi en plus (soupe crémeuse – viande et légumes
et petit dessert accompagné d’un jus de tomate).
La ville est bondée en
ce week end, les gens des environs viennent flâner à Salento.
Le soir, après un bon
hamburger à 3 500 COP, je découvre un jeu local nommé le Tejo, un des trucs à
faire sur Salento. C’est 7 000 COP l’entrée (la cancha de tejo), bière comprise
quasi-obligatoire, mais on reste autant qu’on veut dedans. C’est une sorte de
pétanque. On jette des grosses pierres en direction d’un anneau qui repose sur
une surface pentue de glaise. Autour de l’anneau sont disposés des petits
papiers triangulaires chargés de poudre explosive (oui, ça change de la
pétanque d’un coup).
Le jeu se joue en deux
équipes de deux. Le palet le plus proche de l’anneau remporte un point.
Si le palet atterrit
dans l’anneau, 6 points et on stoppe la partie.
Si le palet fait
exploser un triangle, 3 points et ça stoppe la partie.
Si le palet fait
exploser un triangle tout en restant au milieu de l’anneau, c’est 9 points et
là encore, on recommence une partie.
Le but est d’arriver à
21 points. Ce jeu est très fun et on n’a qu’une envie, c’est que ça explose.
Il y a trois miradors à Salento, proches les uns des autres et offrant de belles vues sur la ville ou la vallée |
ça peint |
C'est beau devant mais sur le côté, c'est autre chose. |
L'aire de jeu du Tejo |
Petite ambiance sympa en intérieure |
J’oubliais, Momota
vient du nom d’un oiseau, vraiment beau. Ça tombe bien c’est le seul oiseau que
j’ai pris en photo au loin lors de la visite de la finca.
Le motmot houtouc momotus momota |
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