Dans la soirée de
mardi, ça tournait quand même pas mal dans ma tête : « Est-ce que je
vais à la lagune de Guatavita ou pas ? ». De ce que je lis, par le
bus, ça prend deux heures pour y aller. Ensuite, le bus te dépose en bas du panneau
d’indication de la lagune (quelques kilomètres plus loin) à marcher donc. Puis,
pour revenir, même chose, il y en aura bien pour trois heures.
La nuit porte conseil
et c’est un peu sur un « Et merde » que je me lève pour y aller et
puis, on verra bien à quelle heure je reviendrais.
Je gère mieux mon bus
et part du centre-ville dès 9h05-10. À Portal del Norte, nickel aussi,
j’attends juste cinq minutes avant de prendre un bus qui va en direction de
Guatavita et passe près de la lagune. 7000 COP le bus (et pas 9000 d’ailleurs
car le tarif pris en considération est celui de la ville de Sépiqué, toujours
ça de gagné).
On attache les vaches en bord de route ici... |
Chaque village a une bien belle église |
WTF ??? |
Je descends et là je
vois qu’il faudra marcher sept kilomètres pour atteindre le haut de la colline
(gloups !). ça va prendre un sacré bout de temps ça je me dis. Sauf qu’au
carrefour où je suis descendu, un vieux monsieur dans sa Renault 4 rouge
attend… le pigeon. Bon, oui, ce sera moi. Je vais le voir. Il propose de
m’emmener pour 25 000 pesos. Je le négocie à 20 000 et je me dis que
comme ça, je redescendrai à pied, tranquillement, en essayant de voir quelques
oiseaux. Et vas-y que je monte dans la 4L. Le chemin est goudronné avec du nid
de poules, les deux derniers kilomètres sont plus chaotiques, en terre et gros
cailloux. Ça prend un peu de temps quand même pour sept bornes. Au passage, il
fait grimper un voisin qui revient de ses courses et le dépose devant sa porte.
Ce monsieur était habillé en costard noir un peu délavé avec par-dessus un
petit poncho gris bien laineux et vieilli.
A 11h30, me voilà à
l’entrée de la Laguna del Cacique Guatavita, pile l’heure où commence une
visite guidée en espagnol (que tu es obligé de faire !). Je paye mes
17 000 COP d’accès au site et suis la visite. A mes côtés, une famille de
trois colombiennes. Le guide naturaliste, Jon, est sympathique même si je ne
comprendrais que la moitié de tout ce qu’il raconte.
La première chose que
je me dis en début de sortie est « Oh, il y a de l’oiseau ! ». Une
quarantaine d’espèces au final, le guide nous dira plus tard, ce qui n’est pas
faramineux.
Nous avons d’abord le
droit à un petit tour des plantes typiques du coin dont certaines sont
médicinales et utilisées par les Muiscas, société matriarcale. Ces gens étaient
le peuple qui vivait ici et leur territoire s’étendait jusqu’à Bogota, un bon
quarante kilomètres d’ici. Quant au nord, ça allait jusque je ne sais où, donc
bref, c’était vaste. J’ai retenu comme nom de plante l’Amaro leite (merci
google) utilisé pour les problèmes d’estomac (je crois qu’en fait ça te purge en
te filant une bonne diarrhée).
Ils ont aussi une
plante qui fait tout (je crois que c’est une différente mais je ne suis pas
sûr) qui peut être hallucinogène, voire mortelle. Mais, bien gérée, elle fait
aussi anti-douleur, s’utilise en inhalation et s’applique sur le bas du ventre
contre les douleurs menstruelles.
Nous pénétrons
ensuite, à reculons, dans une maison circulaire cérémoniale où un trou est au
milieu, possédant quatre colonnes en guayacan, bois local sacré des Muiscas.
Quatre colonnes pour les quatre éléments.
Il nous raconte
ensuite le mythe de l’El Dorado, parce que c’est surtout ça la lagune de
Guatavita et même si ce lac ne rengorgeait pas d’or, il y en a quand même
beaucoup qui y était dissimulé. C’est là qu’un prêtre, le corps recouvert d’or,
plongeait dans le lac lors de cérémonies (ça me rappelle une histoire de
Picsou). J’aurais aimé comprendre tout ce que le guide disait à ce moment-là.
Nous pouvons commencer
l’ascension, assez facile et rapide mais pentue parfois et surtout qui finit à
3100m d’altitude. Il fait frais et la température moyenne semble osciller entre
12 et 17,5°C. De toute façon, une fois l’exercice physique entamé, on a chaud.
Le lac possède un
petit poisson de six centimètres, endémique je suppose. J’aperçois un grèbe qui
vogue sur la lagune. Des urubus noirs dans le ciel. La sortie avec le guide
s’achève. Je discute un peu avec les trois colombiennes. Je peux me promener
comme bon me semble mais il n’y a pas beaucoup de chemins possibles et certains
ont même été fermés. Je découvre qu’en passant par l’arrière de la lagune, on
peut venir gratuitement ici. Au sommet du lac, sur le chemin, il y a un homme
qui fait la sécurité. Ce qui impressionne toujours dans ces lieux perdus.
El Dorado ! La lagune de Guatavita |
C'est bien vert autour |
Il y a le petit grèbe en bas qui fait une ligne sur l'eau. Mais si, vous le voyez non ? |
Si vous arrivez par ce chemin, c'est que vous ne vouliez pas payer l'entrée. |
Cette plante, pas trop grosse, pousse d'un centimètre par an. Il y en a une d'un mètre... |
Ecosystème sub-paramo dans les hauteurs de la réserve |
Ecosystème forestier des Andes quelques mètres plus bas |
À 14h30, je quitte le
site. J’y serais resté trois bonnes heures. Bien content d’avoir quitté la
ville et d’avoir vu toute cette verdure.
Après avoir effectué à
peine un kilomètre de marche dans ma redescente vers l’arrêt de bus, je me fais
prendre en stop par Joal, avec sa voiture « Securidad », j’ai eu
confiance, qui me fait gagner une grosse heure et puis les oiseaux, j’en ai vu
un peu dans la réserve, donc, ça va, je suis satisfait. Il me dit de faire
attention avec mon appareil photo, même ici, au milieu de nulle part. Nous
croisons des Clio, une twingo sur ce chemin cabossé. Renault a la côte ici.
À peine dis-je
au-revoir à Joal qu’un bus pour Bogota arrive. Juste le temps de ramasser ma
première pièce perdue de 200 pesos au sol et je monte à 15h pour retourner à
l’hôtel. Ça aura pris plus de 3h30…
Diglosa de Antifaz Diglossa
cyanea ou percefleur masqué
|
Bon, au moins, je sais que lui, c'est un colibri. Mais lequel ? |
Cardinal à cou noir Pheucticus aureoventris |
Clarinero escarlata
Anisognathus igniventris ou Tangara à ventre rouge
|
Nous longeons en bus l'embalse de Tominé. ça a l'air sympa. |
Retour en ville, j’ai
un peu faim, je cherche un coin où manger et je me rends compte qu’il y a un
match de foot de l’équipe nationale. Je dépose mes affaires à l’hôtel et repars
aussitôt.
Je vais là où j’avais
vu de l’ambiance. C’est un restaurant péruvien. J’ai toujours faim. Je me fais
plaisir avec un Arroz chaufa (plat péruvien) con pollo délicieux (avec de la
coriandre hachée menue dedans et de la poudre de coriandre sur les bords de
l’assiette en décoration ; ah ça me fait bizarre de connaître la coriandre
maintenant – merci Goodfood). On m’installe là où il y a une dernière place de
disponible, c’est à côté d’une étrangère (elle ne fait pas très américaine du
sud mais les apparences peuvent être trompeuses) avec qui je papote un peu à la
mi-temps (quand le bruit se fait un poil moindre). Elle a bien pensé que
j’étais également étranger (les deux pélos du resto aussi). Donc, Michelle est
une hollandaise fan de foot qui finit son trip Panama-Colombie dimanche et qui
trouve ce pays plus sympathique que le Panama.
Cette socialisation permet de regarder les colombiens avec un regard plus amusé comme la dame qui danse et chante durant la mi-temps. Le match pour les qualifications reprend. Ça rate pas mal d’occase et enfin à la 80ème minute, but des colombiens. Ce que nous espérions pour voir la ferveur locale en action. Les gens se lèvent et applaudissent, nous aussi. Trente secondes plus tard, quand les cris de joie se calment, on peut se rendre compte que le commentateur est en train de finir de hurler son « GOALLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL », pour vrai.
Là, on se dit qu’au
moins, durant les dix dernières minutes, ça va jouer parce que le Paraguay se
doit de gagner. Et paf ! But 3-4 minutes plus tard des adversaires. Ah,
bah, niveau réaction, c’est nada, pas de huées ou lamentations, c’est comme si
on n’avait rien vu. Et à la 91ème minute, le Paraguay remet ça et
les achève. Même absence des spectateurs. Ah, ça change du tout au tout.
Résultat, Colombia –
Paraguay : 1 – 2
Les gens sont repartis
dans le calme. Mais la dame s’est remise à dodeliner et un poil plus loin, un
couple à danser. Ben oui, la Terre ne s’arrête pas de tourner non plus.
Je rentre à 20h30 à
l‘hôtel. Oui j’ai osé marcher 100m dans Bogota après 20h. Je m’aperçois être le
seul client de la soirée.
C’était quand même
bien agréable aujourd’hui de pouvoir parler un peu avec des gens. Les
rencontres du jour : Tatiana, Joal et Michelle.
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