C’est le jour du
départ pour un trek de 4 jours à la Ciudad Perdida. La jeep doit passer me
chercher entre 8h et 8h30. Le Jackie Hostal propose son petit-déjeuner dès
7h30. Cela devrait me laisser parfaitement le temps d’en profiter avant de
partir. Sauf que les gens qui préparent le repas le plus important de la
journée ne sont pas du matin et à 7h30, ils sont encore dans la mise en place
et à se réveiller (je peux noter d’ailleurs que le petit groupe de 4-5 jeunots
hispaniques chargés de préparer les plats le matin ou le soir est
particulièrement doué pour respirer la joie de vivre (c’est ironique)). J’ai
mon petit-dej’ à 8h10. La réception m’avertit à 8h12 que l’agence touristique
vient d’arriver évidemment. J’avale tout en deux-deux et je file rejoindre la
jeep. A l’intérieur, déjà une participante, Jodie, australienne en voyage
depuis juillet.
Nous allons à l’hôtel
Miramar, siège de notre tour operator Guias & Baquianos, il est 8h30 à
peine. Puis, on attend. Là, je comprends que j’aurais pu prendre mon temps pour
manger. Un jeune homme nous rejoint depuis l’intérieur de l’hôtel, Alex,
américain professeur d’anglais dans le secteur de Cordoba. Serons-nous que
trois ? Toujours est-il que c’est le moment de sortir son passeport et de
payer les 90% restants (par cash « effectivo » ou carte bancaire
« tarjeta ») des 850 000 COP. On attend à nouveau, il est 9h30.
Un moustique m’attaque déjà à l’hôtel.
9h50 : On
décolle ! Nous sommes cinq. Freddy, un américain d’origine colombienne est
déjà dans le véhicule et fera office d’interprète. Le quatrième client est Ron,
un israélien qui a quitté son job et voyage.
10h20, nous rejoignons l’hôtel « The dreamer » pour récupérer deux couples, chacun en vacances pour quelques semaines en Colombie. Sanne et Floris, des jeunots hollandais ; Roisin et Mick, irlandais des environs de Dublin. Nous sommes donc 8, constituant une jolie petite équipe qui apprend à se connaître durant le trajet qui mène au début du trek.
10h20, nous rejoignons l’hôtel « The dreamer » pour récupérer deux couples, chacun en vacances pour quelques semaines en Colombie. Sanne et Floris, des jeunots hollandais ; Roisin et Mick, irlandais des environs de Dublin. Nous sommes donc 8, constituant une jolie petite équipe qui apprend à se connaître durant le trajet qui mène au début du trek.
Le voyage se passe en
deux temps. D’abord, pendant une heure, nous roulons sans problème jusqu’à
l’entrée officielle du site, là où on nous donne un petit bracelet à coller
autour du poignet. Puis nous repartons pour une heure de route caillouteuse et
arpentons la montagne jusqu’à El Mamey, village de 40-50 familles qui résonne
aussi comme le départ pour l'aventure.
Un peu de repos pour les mules avant de repartir |
On passe de 120m à
1200m. 1100 mètres de dénivelé en 2 jours, ça va (oui, deux jours pour aller et
deux pour revenir grosso modo) sauf que ce trek ne fait que monter et
descendre. Je pense qu’on fait le double en fait.
Nous avons 10 minutes
de pause pour finir de nous préparer : mettre de l’anti-moustique, de la
crème solaire. Il est 13h, c’est parti !!
Aujourd’hui, nous
devons réaliser entre 3 et 4 heures de marche. Le groupe me semble affûté (je
risque d’être en queue de peloton moi avec des gaillards comme ça).
Effectivement, bien que nous ayons eu 3-4 bonnes pauses en chemin, nous
arrivons à Casa Alfredo à 16h30 après 3h30 de bonne rando et premières
transpirations.
Sur le chemin, à
chaque arrêt, il est possible d’acheter à boire, c’est un vrai business. Une
boisson gazeuse à 2000 COP à Santa Marta vaut 3000 à El Mamey et monte à 5000
au plus loin du trek. La tentation est grande vu la chaleur et l’effort fourni
qui invite à la récompense. Des jus pressés sur place sont aussi disponibles.
A mi-parcours, une
halte nous permet d’avoir des morceaux de pastèque à déguster (c’est inclus
ça). Ils sont de vrais instants de plaisir et réconfort. Ils m’hydratent bien
et il est possible de se resservir (j’en prends trois parts).
Premier passage de rivière |
Les premiers enfants Kogui que nous croisons. |
Un arrêt à une tienda du trek. |
Petite pause qui fait du bien |
Dès le début de la
marche, c’est vert. Les arbres sont hauts, recouvrant monts et vallons. Des
urubus nous survolent, des corbeaux aussi. Beaucoup de chants d’oiseaux,
quelques-uns sont vraiment cools et originaux mais ils sont plutôt loin dans la
montagne. Certains petits oiseaux chantent à proximité mais je ne les aperçois
pas.
La terre est ocre,
blanche, orangée. Ces couleurs sont assez variées (mais pas de rouge).
Il y a eu à un moment
pendant dix mètres une bonne odeur sur le chemin. Sinon, ça pue le crottin.
Un autre groupe de
randonneurs nous suit, dont quelques français. Nous pensons qu’ils nous
rejoindront mais finalement, ils s’arrêtent au camp juste avant le nôtre.
Nous dînons vers 18h.
Poisson pour tout le monde (sauf moi, j’ai des œufs). Le plat est salé mais ça
compense ce qu’on a sué. Un jus tomate-citron pour accompagner. Ils utilisent
la tomate autant comme un fruit qu’un légume. Le groupe est pas mal uni, ça
papote, c’est cool.
La première journée
est ce qu’on pourrait qualifier de parfaite. La nourriture est correcte et
rassasie bien (et petite barre chocolatée en dessert, miam) et nous avons
rencontré Carlos, notre cuisinier pour le trek.
Après le repas, José
nous raconte l’histoire récente de la région. C’est tout comme raconté dans ce
blog :
Sauf que c’est mieux
dit que par moi. Mais je tente quand même.
Cette région a subi 40
ans de guerre civile. On cultivait de la marijuana et de la coca jusqu’en 2007,
c’est fini normalement. Ces cultures ont poussé les paysans à se militariser et
s’affronter entre eux. 2007 a marqué la fin des paramilitaires (ce n’étaient
pas des FARC).
En 2003, huit
étrangers furent kidnappés, ce qui a poussé les locaux à arrêter les
plantations de coca. Avec des aides du gouvernement, ils ont commencé la
culture de cacao et du café mais ça n’a pas pris.
Les gens ont
maintenant des métiers liés au tourisme mais c’est moins rentable. Mais depuis
10 ans, le trek fonctionne (il n’y a qu’à voir la hausse de l’expédition chaque
année) sauf qu’avant, il fallait emmener sa tente et nourriture, c’était bien
plus dur.
Il y avait de l’or et
des céramiques que les pilleurs ont pris. José, d’ailleurs, allait piller avec
son grand-père quand il était gamin. Les locaux colombiens qui font cela sont
appelés des Huaqueros (ce ne sont pas des indigènes, attention). Un marché noir
vers la France et l’Espagne a existé de 1975 aux années 80. Il nous fait un
petit topo sur la Ciudad Perdida, qui date de 600 après Jésus Christ. Les
indigènes seraient à ce jour environ 3000 mais sûrement plus vu que leur
recensement est compliqué.
Il finit la journée
par une anecdote sur le fait que la ville de départ El Mamey s’appelle aussi
Machete en raison d’un meurtre à la machette dans la bourgade (toujours sympa
ces histoires-là) et en petit bonus, il nous raconte une histoire de fantômes
quand il avait 11-12 ans, en 2002, avec un homme Kogui sans pied ni tête qui
attendait au niveau de l’école (autrefois hôpital) quand il marchait de nuit
sur le chemin.
Après ses dires, le groupe fourmillait de questions, sur l’histoire récente, sur les indigènes (une fille Kogui à 20 ans peut déjà avoir 7-8 enfants. Le père a une trentaine d’années lui ; les familles décident des mariages).
Nous nous couchons à
20h, il fait nuit depuis deux heures déjà.
Nous nous endormons
avec les bruits de la nature, amphibiens, insectes et rivière sous une
moustiquaire parfaitement isolante).
Les bruits de la
nature dominent les battements de mon cœur. Ils s’organisent en une rythmique
saccadée. Ils s’articulent sous un tempo régulier, celui de l’eau qui percute
les rochers, unique métronome en ces hauteurs.
ça grimpe |
La table et les lits derrière. |
C'est tout propre comme camp. |
Ah oui, en Colombie, ils adorent colorer l'extrémité des poteaux. |
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