Bienvenue sous les
chaleurs tropicales de La Macarena. Vous pensez à la chanson ? Je l’ai
fait aussi.
Pourtant, rien à voir.
Cette ville de 32 000 habitants (7 000 dans la partie ville, donc 25 000
répartis un peu dans la… campagne ? Enfin, jungle ? Enfin mais ce
sont qui ? Des guérilleros en puissance ?) est la porte d’entrée à
Caño cristales, la rivière aux 5 couleurs.
Vraiment cinq couleurs
grâce à une plante, la Macarinea clavigera qui change de couleur selon
son âge. Alors, attention, il est possible de lire aussi la rivière aux 7
couleurs, ce qui est vrai aussi si on ajoute le sable et… le ciel je crois
avoir pigé (ouais, style le reflet de l’eau si on se la joue au concours de
celui qui a la plus grosse).
Bon, commençons par le
début, comment t’as trouvé ça ? C’est où ? Combien ça coûte ? C’est
en refaisant un tour sur des documents enregistrés à partir du site partir.com
que je vois ça sur leurs cartes dans la partie « les secrets du pays ».
Tu m’étonnes que c’est secret, si tu veux y aller par la voie terrestre, faut
que tu prennes trois bus (Bogota – Neiva – Florencia – San Vincente del Caguan –
La Macarena) sachant que le premier dure 6 heures et le dernier dure 5 heures,
je pense qu’il faut quasiment un jour (entre les retards et l’attente dans les
stations) pour arriver à destination.
Par avion, une heure.
Imbattable. Me basant là-dessus et sur la non-envie de me casser les bonbons
une fois là-bas à trouver un logement, un guide et accéder au parc avec je ne
sais quel transport, je m’oriente très rapidement (mais vraiment rapidos comme
j’ai rarement fait) vers un tour organisé qui s’est intelligemment appelé « Caño
cristales ».
L’agence propose des
séjours de 3 à 5 jours mais m’y prenant sur le tard, il n’est disponible dans
les jours qui arrivent qu'une sortie de 4 jours (j’aurais bien aimé 5 en fait). Je
zieute ça le mercredi et je vois que lundi, je peux embarquer. Je fonce.
Tarif : 1 179 000
COP, soit 530 euros, avion inclus.
L’avion coûte quasi
500 000 COP, 75€ (ils le vendent 520 000, donc niveau marge, c’est
bien potable). Au final, ça fera un séjour à un peu moins de 100€ par jour. Vu
l’hôtel (La Cascada), ce que je mange, la première journée de sortie, je suis
content et je trouve le tarif bien honnête.
L’arrivée, je quitte
la petite chaleur de Bogota (20°C en journée, je dirais bien 14-15°C la nuit)
pour un 37°C de ressenti ! Voilà les tropiques. Je suis pourtant pas loin
de Bogota, dans le sud, la région de Meta, mais en bordure d’une autre région,
plus sauvage, celle des FARC. Pas de montagnes ici, enfin pas comme à Bogota,
on est plus proche du niveau de la mer, de l’équateur et voilà comment vous
vous retrouvez avec une chaleur étouffante, humide qui me renvoie au Cape York
australien ou à Mahé, capitale seychelloise.
L’avion part avec une
demi-heure de retard, je m’installe près du hublot à une autre place que prévue
histoire d’être tout seul. J’admire la verdure du pays, ses rivières tout en
méandres qui semblent comme crayonnées tellement elles font de ramifications à
chaque virage. Puis vient une grosse rivière boueuse uniforme, qui n’hésite
plus dans son parcours et ses courbes, elle est massive ; et la forêt s’en
vient, grande, touffue, sous un horizon plat.
À l’aéroport, des militaires
(?) et deux guides pour nous accueillir, Diane et Jesus. Bien sympas tous les
deux. Direct à l’arrivée, on paye la taxe de la ville, 36886 COP (oh les cons),
« oui bon, tu veux dire 37 000, ce sera plus simple ». On a le
droit comme ça à un joli bracelet, comme ceux qu’on porte dans les festivals de
musique. Et on se barre à pattes à l’hôtel. Je me rends compte dès la
sortie de l’avion que cette ville pourrait s’appeler aussi « Mototown »,
faut dire, c’est pratique en terrain boueux.
Je n’ai qu’une envie,
me changer. Surtout que je m’étais mis tout plein de couches de vêtements pour
éviter le surpoids de bagage (15kg max en soute, 5 en bagage à main).
La preuve que l'on peut venir ici et visiter par ses propres moyens |
La ville du deux roues et on peut promener son coq en laisse (à mon avis que c'était un coq de combat) |
Ensuite, tous les gens
de toutes les compagnies sont emmenés au centre d’interprétation de la ville
pour un petit film sur le site, ce qu’on peut faire ou non.
Pendant le film, il se
met à pleuvoir des trombes, une vraie averse tropicale qui dure 15 minutes et
donne l’impression qu’un centimètre de flotte vient de passer.
La vidéo nous explique
que le site a accueilli 16 000 visiteurs l’an dernier. Il y a trois sites
d’intérêt, deux liés à Caño cristales et un à Raudal Angosturas. Prêt à parier
que tout ça va se développer fortement les dix prochaines années.
Dans la réserve, il
est interdit de se mettre de l’anti-moustiques, de la crème solaire, de fumer
et d’avoir une bouteille en plastique (demain, je vais jouer à « Gourde
plastoc » et on verra comment je m’en sortirais).
Ou comment commencer une collection de colliers |
Et nous partons vers
13h30 sur un premier site, près de Caño et de la Serraneria de la Macarena (où
on ira demain), histoire de se mettre en jambes et de voir un petit cours d’eau
où la plante juste sous la forme rouge est présente. C’est 30-45 minutes pour y
aller, sur une route de terre qui vient donc de se prendre un gros coup de
flotte + quelques passages de rivière. Le véhicule dérape bien, s’enlise
légèrement en s’en sortant toujours. On avait quelques petits trucs comme ça en
Australie mais là, niveau dérapage, c’est du lourd (pas encore niveau passage d’eau).
Durant le trajet, à la suite du passage d’un hélicoptère militaire, la
discussion s’amorce sur leur présence à La Macarena. La ville est en fait une
place centrale pour recevoir les stocks militaires qui sont ensuite répartis
dans les zones alentour, de belles zones forestières loin de tout. Ça permet d’enchaîner sur les FARC.
Ils ne sont plus là, c’est fini. Il y a eu le traité et depuis leur départ, les
touristes peuvent justement arriver.
Bon… ils sont plus là,
ils sont plus là. Bon… imaginons, un éleveur de vaches qui vit dans le coin.
Bon, avant, il devait 200 000 COP par tête chaque année au FARC.
Maintenant… bon il le fait toujours mais c’est en paix maintenant. Bref, la
situation est compliquée, la zone est vraiment en transition mais quand tu
creuses le sujet, tu as l’impression d’entendre la présence de la Cosa Nostra,
bien implantée en une couche discrète alors qu’elle s’affichait avant. Avant,
bon les FARC, c’était pas le fun, « ils ont explosé l’une des deux
voitures de mon père » mais au moins, dans le village, ça filait droit. Tu
voulais couper du bois, on t’allouait 3 hectares et t’avais pas intérêt à
dépasser. Tu voulais pêcher ? Bien sûr que tu peux mais pas à la dynamite,
sinon ça va chauffer pour tes oreilles. On peut hésiter à la lecture mais tout
ce que je dis est vrai.
Maintenant qu’ils ne
sont plus là les gens font un peu plus n‘importe quoi mais en parallèle, le tourisme est devenu la
deuxième ressource du pays, après l’élevage.
Ce tour s’avère aussi
intéressant sur le plan politico-social qu’environnemental.
On arrive sur le site,
on se balade un peu, je prends plein de photos de paysage, une réussie d’un
oiseau mais j’en ai vu quelques autres. De toute façon, je suis venu ici dans l’optique
de voir un beau site naturel. Chaque observation de piafs est considérée comme
un bonus. Partant là-dessus, je ne peux qu’être ravi.
Petite ambiance jungle et poursuite |
Notre destination est au pied de cette colline. |
Sur le chemin du
retour, je suis déjà enchanté par cette mise en bouche, dans la verdure, loin
de Bogota, dans le sauvage, dans une jeep-camionnette qui glisse, dans ce décor
vallonné. Je jubile.
Pour la soirée, de nouveau, on reprend tous les gens arrivés aujourd’hui et on les emmène se perdre à l’autre bout de la ville (deux passages de petits ponts du type ponts de singe en bien aménagé, donc oui, on veut nous perdre) pour un repas, assiette sur les genoux, pendant qu’un groupe local joue des classiques de la culture colombienne et que des enfants pratiquent leur danse traditionnelle. Le petit couple d’ados m’a bien scotché tout de même avec leur rapidité. A 20h40, c’est fini (ouf, j’en avais un peu ras la casquette) et retour au bercail. Demain, petit-déj à 7h, départ à 8, espérons qu’il ne pleuve pas pendant qu’on sera dehors.
Pour la soirée, de nouveau, on reprend tous les gens arrivés aujourd’hui et on les emmène se perdre à l’autre bout de la ville (deux passages de petits ponts du type ponts de singe en bien aménagé, donc oui, on veut nous perdre) pour un repas, assiette sur les genoux, pendant qu’un groupe local joue des classiques de la culture colombienne et que des enfants pratiquent leur danse traditionnelle. Le petit couple d’ados m’a bien scotché tout de même avec leur rapidité. A 20h40, c’est fini (ouf, j’en avais un peu ras la casquette) et retour au bercail. Demain, petit-déj à 7h, départ à 8, espérons qu’il ne pleuve pas pendant qu’on sera dehors.
La Macarinea clavigera, endémique. |
Un couple, pas farouche pour un sou. Je n'ai plus qu'à trouver son nom. Trouvé en 2024, c'est le Petit Piaye Coccycua minuta. |
Cette plante de la famille des Melastomatacea vit en symbiose avec une espèce de fourmis. Elle est creuse et offre un réseau aux insectes en échange leur protetion. |
Quand on se déplace en véhicule par voie terrestre, c'est avec ça. |
La voiture, c'est pour les mauviettes. Voilà une 4 places économique. |
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