jeudi 11 février 2016

Journal de bord : vendredi 5 au lundi 8 février

Pour ce second week end hors de l’île, direction l'île de Cousin. Un excellent week end riche en savoir. Cette île, au moins deux fois plus petite que Aride a déjà eu 700 pontes de tortues imbriquées durant cette saison contre 55 chez nous.

Elle accueille une organisation appelée Nature Seychelles avec en ce moment 5 volontaires (Mikaeala, Pauline, Julia, Alicia et Rémi) qui font beaucoup de patrouilles de tortues (vu le nombre de pontes, faut mieux oui). Il y a beaucoup plus de plages que sur Aride. Ils cherchent aussi les nids des Gygis et des Phaétons.

L’accueil était très sympa. On mangeait tous ensemble. J’ai même apprécié du carpaccio de thon. C’est vrai que c’est comme de la viande (à ce qu’on m’avait dit).

Niveau bestioles, pas déçu non plus car j’ai pu voir de près des sternes bridées. Alors que sur Aride, elles restent à tourner autour de l’île pour pêcher et se posent dans des endroits peu accessibles, sur Cousin, on les voit nettement et elles nichent sur l’île (une centaine de couples).

Par contre, grosse bonne surprise, j’ai vu un couple de Crab Plovers, dromes en français mais je trouve que ça sonne moins bien, et j’ai pu bien les observer sur les récifs à marais basse le dimanche matin. Récifs où errent des crabes, d’autres limicoles et aussi une belle grosse murène vraiment en bord de plage, se faufilant dans les rochers où la profondeur d’eau n’excède pas 20 centimètres. Donc, c’était une observation assez impressionnante.

De plus, il y avait depuis une dizaine de jours et pour un total de 5 semaines un couple de jeunes chercheurs anglais, Laura et Dave. Ils baguaient les fauvettes des Seychelles, prenaient des échantillons de sang, étudiaient leur comportement et cartographier leur territoire. Cet animal est en suivi continu depuis 30 ans, donc on commence à avoir une belle masse de données dessus et écoutez Dave raconter les différentes découvertes comportementales est très enrichissant. Comme ça, pêle-mêle, déjà, nos amis les moustiques les attaquent ici et peuvent leur inoculer la malaria (!!!). Il y a un millier de malarias aviaires. Heureusement qu’il n’y a pas la forme qui touche l’homme sinon, on serait tous foutu depuis longtemps sur ces îles. Il y a des couples fidèles, infidèles, des grands-parents qui aident des parents à nourrir les petits. Il y a donc des super-âgés s’il y a des grands-parents (20 ans voire plus) mais souvent c’est un grand frère ou une grande sœur qui aide les parents. La fille va aider à couver et le garçon à garder le nid (vous ne pouvez rien contre les stéréotypes mâle-femelle) mais les deux sexes aident à niveau égal le nourrissage d’un poussin. Ils gardent farouchement leur territoire et certains font tout pour grappiller des mètres carrés en plus année après année. Pourtant, parfois, dans un territoire, il peut y avoir un autre mâle qui traîne et le couple l’ignore complètement, le laisse faire ce qu’il veut comme s’il était invisible. Ce qui est certainement l’un des trucs les plus étranges). Avec l’ADN, Dave pense qu’il y avait 30 000 individus avant l’arrivée de l’homme (il dit que c’est un calcul facile à faire en fait) et maintenant, on en a 5000. Cousin et Aride sont complets. Faudrait que ça repeuple Frégate et Mahé (Praslin, je suppose aussi).

A côté de ça, en parlant d’ADN, il a dévié sur une conférence qu’il avait vue aux Etats-Unis et le dernier truc de folie qui fait peur. On a découvert par hasard une bactérie capable de découper n’importe quel gène. Elle utilise pour cela une enzyme, l’enzyme crypta. On s’est surtout rendu compte qu’on pouvait utiliser l’enzyme crypta pour faire ce qu’on voulait avec n’importe quel gène.
Exemple, on la programme pour découper le gène de la couleur d’yeux que vous avez marron et de le remplacer par le gène de la couleur bleu. L’enzyme va le faire sans rencontrer aucune difficulté. Ainsi, le changement est fait à vos cellules et le changement de couleur s’effectuera en quelques mois, années, avec le renouvellement cellulaire.

Un type l’a utilisé en aérosol sur ses souris de laboratoire pour accélérer leur développement du cancer des poumons pour ainsi attendre moins longtemps avant de faire ses études. Ça a fonctionné du tonnerre. Bien sûr, ça ouvre la voie à une super arme biologique. Pour plus d’infos, le magazine New Scientist a fait son dossier là-dessus dans son dernier numéro. Enfin, bref, faut que je chope des informations sur cet avenir post-naturel.


Donc voilà, c’était très enrichissant ce week end et très agréable.

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