vendredi 6 octobre 2017

Guatavita y futbol

Dans la soirée de mardi, ça tournait quand même pas mal dans ma tête : « Est-ce que je vais à la lagune de Guatavita ou pas ? ». De ce que je lis, par le bus, ça prend deux heures pour y aller. Ensuite, le bus te dépose en bas du panneau d’indication de la lagune (quelques kilomètres plus loin) à marcher donc. Puis, pour revenir, même chose, il y en aura bien pour trois heures.

La nuit porte conseil et c’est un peu sur un « Et merde » que je me lève pour y aller et puis, on verra bien à quelle heure je reviendrais.
Je gère mieux mon bus et part du centre-ville dès 9h05-10. A Portal del Norte, nickel aussi, j’attends juste cinq minutes avant de prendre un bus qui va en direction de Guatavita et passe près de la lagune. 7000 COP le bus (et pas 9000 d’ailleurs car le tarif pris en considération est celui de la ville de Sépiqué, toujours ça de gagné).

On attache les vaches en bord de route ici...

Chaque village a une bien belle église

WTF ???
Je descends et là je vois qu’il faudra marcher sept kilomètres pour atteindre le haut de la colline (gloups !). ça va prendre un sacré bout de temps ça je me dis. Sauf qu’au carrefour où je suis descendu, un vieux monsieur dans sa Renault 4 rouge attend… le pigeon. Bon, oui, ce sera moi. Je vais le voir. Il propose de m’emmener pour 25 000 pesos. Je le négocie à 20 000 et je me dis que comme je redescendrai à pied, tranquillement, en essayant de voir quelques oiseaux. Et vas-y que je monte dans la 4L. Le chemin est goudronné avec du nid de poule, les deux derniers kilomètres sont plus chaotiques, en terre et gros cailloux. Ça prend un peu de temps quand même pour sept bornes. Au passage, il fait grimper un voisin qui revient de ses courses et le dépose devant sa porte. Ce monsieur était habillé en costard noir un peu délavé avec par-dessus un petit poncho gris bien laineux et vieilli.

A 11h30, me voilà à l’entrée de la Laguna del Cacique Guatavita, pile l’heure où commence une visite guidée en espagnol (que tu es obligé de faire !). Je paye mes 17 000 COP d’accès au site et suis la visite. A mes côtés, une famille de trois colombiennes. Le guide naturaliste, Jon, est sympathique même si je ne comprendrais que la moitié de tout ce qu’il raconte.
La première chose que je me dis en début de sortie est « Oh, il y a de l’oiseau ! ». Une quarantaine d’espèces au final, le guide nous dira plus tard, ce qui n’est pas faramineux.
Nous avons d’abord le droit à un petit tour des plantes typiques du coin dont certaines sont médicinales et utilisées par les Muiscas, société matriarcale. Ces gens étaient le peuple qui vivait ici et leur territoire s’étendait jusqu’à Bogota, un bon quarante kilomètres d’ici. Quant au nord, ça allait jusque je ne sais où, donc bref, c’était vaste. J’ai retenu comme nom de plante l’Amaro leite (merci google) utilisé pour les problèmes d’estomac (je crois qu’en fait ça te purge en te filant une bonne diarrhée).
Ils ont aussi une plante qui fait tout (je crois que c’est une différente mais je ne suis pas sûr) qui peut-être hallucinogène, voire mortelle. Mais, bien gérée, elle fait aussi anti-douleur, s’utilise en inhalation et s’applique sur le bas du ventre contre les douleurs menstruelles.
Nous pénétrons ensuite, à reculons, dans une maison circulaire cérémoniale où un trou est au milieu, possédant quatre colonnes en guayacan, bois local sacré des Muiscas. Quatre colonnes pour les quatre éléments.




Il nous raconte ensuite le mythe de l’El Dorado, parce que c’est surtout ça la lagune de Guatavita et même si ce lac ne rengorgeait pas d’or, il y en a quand même beaucoup qui y était dissimulé. C’est là qu’un prêtre, le corps recouvert d’or, plongeait dans le lac lors de cérémonies (ça me rappelle une histoire de Picsou). J’aurais aimé comprendre tout ce que le guide disait à ce moment-là.
Nous pouvons commencer l’ascension, assez facile et rapide mais pentue parfois et surtout qui finit à 3100m d’altitude. Il fait frais et la température moyenne semble osciller entre 12 et 17,5°C. De toute façon, une fois l’exercice physique entamé, on a chaud.
Le lac possède un petit poisson de six centimètres, endémique je suppose. J’aperçois un grèbe qui vogue sur la lagune. Des urubus noirs dans le ciel. La sortie avec le guide s’achève. Je discute un peu avec les trois colombiennes. Je peux me promener comme bon me semble mais il n’y a pas beaucoup de chemins possibles et certains ont même été fermés. Je découvre qu’en passant par l’arrière de la lagune, on peut venir gratuitement ici. Au sommet du lac, sur le chemin, il y a un homme qui fait la sécurité. Ce qui impressionne toujours dans ces lieux perdus.

El Dorado ! La lagune de Guatavita

C'est bien vert autour

Il y a le petit grèbe en bas qui fait une ligne sur l'eau. Mais si, vous le voyez non ?

Si vous arrivez par ce chemin, c'est que vous ne vouliez pas payer l'entrée.

Cette plante, pas trop grosse, pousse d'un centimètre par an. Il y en a une d'un mètre...

Ecosystème sub-paramo dans les hauteurs de la réserve

Ecosystème forestier des Andes quelques mètres plus bas

A 14h30, je quitte le site. J’y serais resté trois bonnes heures. Bien content d’avoir quitté la ville et d’avoir vu toute cette verdure.
Après avoir effectué à peine un kilomètre de marche dans ma redescente vers l’arrêt de bus, je me fais prendre en stop par Joal, avec sa voiture « Securidad », j’ai eu confiance, qui me fait gagner une grosse heure et puis les oiseaux, j’en ai vu un peu dans la réserve, donc, ça va, je suis satisfait. Il me dit de faire attention avec mon appareil photo, même ici, au milieu de nulle part. Nous croisons des Clio, une twingo sur ce chemin cabossé. Renault a la côte ici.
A peine dis-je au-revoir à Joal qu’un bus pour Bogota arrive. Juste le temps de ramasser ma première pièce perdue de 200 pesos au sol et je monte à 15h pour retourner à l’hôtel. Ça aura pris plus de 3h30…

Diglosa de Antifaz Diglossa cyanea

Bon, au moins, je sais que lui, c'est un colibri.


 Clarinero escarlata Anisognathus igniventris

Nous longeons en bus l'embalse de Tominé. ça a l'air sympa.


Retour en ville, j’ai un peu faim, je cherche un coin où manger et je me rends compte qu’il y a un match de foot de l’équipe nationale. Je dépose mes affaires à l’hôtel et repars aussitôt.

Je vais là où j’avais vu de l’ambiance. C’est un restaurant péruvien. J’ai toujours faim. Je me fais plaisir avec un Arroz chaufa (plat péruvien) con pollo délicieux (avec de la coriandre hachée menue dedans et de la poudre de coriandre sur les bords de l’assiette en décoration ; ah ça me fait bizarre de connaître la coriandre maintenant – merci Goodfood). On m’installe là où il y a une dernière place de disponible, c’est à côté d’une étrangère (elle ne fait pas très américaine du sud mais les apparences peuvent être trompeuses) avec qui je papote un peu à la mi-temps (quand le bruit se fait un poil moindre). Elle a bien pensé que j’étais également étranger (les deux pélos du resto aussi). Donc, Michelle est une hollandaise fan de foot qui finit son trip Panama-Colombie dimanche et qui trouve ce pays plus sympathique que le Panama.

Cette socialisation permet de regarder les colombiens avec un regard plus amusé comme la dame qui danse et chante durant la mi-temps. Le match pour les qualifications reprend. Ça rate pas mal d’occase et enfin à la 80ème minute, but des colombiens. Ce que nous espérions pour voir la ferveur locale en action. Les gens se lèvent et applaudissent, nous aussi. Trente secondes plus tard, quand les cris de joie se calment, on peut se rendre compte que le commentateur est en train de finir de hurler son « GOALLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLLL », pour vrai.
Là, on se dit qu’au moins, durant les dix dernières minutes, ça va jouer parce que le Paraguay se doit de gagner. Et paf ! But 3-4 minutes plus tard des adversaires. Ah, bah, niveau réaction, c’est nada, pas de huées ou lamentations, c’est comme si on n’avait rien vu. Et à la 91ème minute, le Paraguay remet ça et les achève. Même absence des spectateurs. Ah, ça change du tout au tout.
Résultat, Colombia – Paraguay : 1 – 2
Les gens sont repartis dans le calme. Mais la dame s’est remise à dodeliner et un poil plus long, un couple à danser. Ben oui, la Terre ne s’arrête pas de tourner non plus.

Je rentre à 20h30 à l‘hôtel. Oui j’ai osé marcher 100m dans Bogota après 20h. Je m’aperçois être le seul client de la soirée.


C’était quand même bien agréable aujourd’hui de pouvoir parler un peu avec des gens. Les rencontres du jour : Tatiana, Joal et Michelle.

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