lundi 9 octobre 2017

Lundi 09 octobre, Caño cristales, jour 01

Bienvenue sous les chaleurs tropicales de La Macarena. Vous pensez à la chanson ? Je l’ai fait aussi.

Pourtant, rien à voir. Cette ville de 32 000 habitants (7 000 dans la partie ville, donc 25 000 répartis un peu dans la… campagne ? Enfin, jungle ? Enfin mais ce sont qui ? Des guérilleros en puissance ?) est la porte d’entrée à Caño cristales, la rivière aux 5 couleurs.
Vraiment cinq couleurs grâce à une plante, la Macarinea clavigera qui change de couleur selon son âge. Alors, attention, il est possible de lire aussi la rivière aux 7 couleurs, ce qui est vrai aussi si on ajoute le sable et… le ciel je crois avoir pigé (ouais, style le reflet de l’eau si on se la joue au concours de celui qui a la plus grosse).

Bon, commençons par le début, comment t’as trouvé ça ? C’est où ? Combien ça coûte ? C’est en refaisant un tour sur des documents enregistrés à partir du site partir.com que je vois ça sur leurs cartes dans la partie « les secrets du pays ». Tu m’étonnes que c’est secret, si tu veux y aller par la voie terrestre, faut que tu prennes trois bus (Bogota – Neiva – Florencia – San Vincente del Caguan – La Macarena) sachant que le premier dure 6 heures et le dernier dure 5 heures, je pense qu’il faut quasiment un jour (entre les retards et l’attente dans les stations) pour arriver à destination.
Par avion, une heure. Imbattable. Me basant là-dessus et sur la non-envie de me casser les bonbons une fois là-bas à trouver un logement, un guide et accéder au parc avec je ne sais quel transport, je m’oriente très rapidement (mais vraiment rapidos comme j’ai rarement fait) vers un tour organisé qui s’est intelligemment appelé « Caño cristales ».
L’agence propose des séjours de 3 à 5 jours mais m’y prenant sur le tard, il n’est disponible dans les jours qui arrivent une sortie de 4 jours (j’aurais bien aimé 5 en fait). Je zieute ça le mercredi et je vois que lundi, je peux embarquer. Je fonce.
Tarif : 1 179 000 COP, soit 530 euros, avion inclus.
L’avion coûte quasi 500 000 COP, 75€ (ils le vendent 520 000, donc niveau marge, c’est bien potable). Au final, ça fera un séjour à un peu moins de 100€ par jour. Vu l’hôtel (La Cascada), ce que je mange, la première journée de sortie, je suis content et je trouve le tarif bien honnête.

L’arrivée, je quitte la petite chaleur de Bogota (20°C en journée, je dirais bien 14-15°C la nuit) pour un 37°C de ressenti ! Voilà les tropiques. Je suis pourtant pas loin de Bogota, dans le sud, la région de Meta, mais en bordure d’une autre région, plus sauvage, celle des FARC. Pas de montagnes ici, enfin pas comme à Bogota, on est plus proche du niveau de la mer, de l’équateur et voilà comment vous vous retrouvez avec une chaleur étouffante, humide qui me renvoie au Cape York australien ou à Mahé, capitale seychelloise.
L’avion part avec une demi-heure de retard, je m’installe près du hublot à une autre place que prévue histoire d’être tout seul. J’admire la verdure du pays, ces rivières tout en méandres qui semblent comme crayonnées tellement elles font de ramifications à chaque virage. Puis vient une grosse rivière boueuse uniforme, qui n’hésite plus dans son parcours et ses courbes, elle est massive ; et la forêt s’en vient, grande, touffue, sous un horizon plat.
A l’aéroport, des militaires (?) et deux guides pour nous accueillir, Diane et Jesus. Bien sympas tous les deux. Direct à l’arrivée, on paye la taxe de la ville, 36886 COP (oh les cons), « oui bon, tu veux dire 37 000, ce sera plus simple ». On a le droit comme ça à un joli bracelet, comme ceux qu’on porte dans les festivals de musique. Et on se barre à pattes à l’hôtel. Je me rends compte dès la sortie de l’avion que cette ville pourrait s’appeler aussi « Mototown », faut dire, c’est pratique en terrain boueux.
Je n’ai qu’une envie, me changer. Surtout que je m’étais mis tout plein de couches de vêtements pour éviter le surpoids de bagage (15kg max en soute, 5 en bagage à main).

La preuve que l'on peut venir ici et visiter par ses propres moyens

La ville du deux roues et on peut promener son coq en laisse (à mon avis que c'était un coq de combat)
Déjeuner juste à côté de l’hôtel avec en boisson du jus de fruit de la passion quasi à volonté. Une petite soupe de légumes en entrée si on le désire puis choix entre poisson, poulet ou viande (je suppose que j’ai eu de la vache) mais végétarien est aussi possible.
Ensuite, tous les gens de toutes les compagnies sont emmenés au centre d’interprétation de la ville pour un petit film sur le site, ce qu’on peut faire ou non.
Pendant le film, il se met à pleuvoir des trombes, une vraie averse tropicale qui dure 15 minutes et donne l’impression qu’un centimètre de flotte vient de passer.
La vidéo nous explique que le site a accueilli 16 000 visiteurs l’an dernier. Il y a trois sites d’intérêt, deux liés à Caño cristales et un à Raudal Angosturas. Prêt à parier que tout ça va se développer fortement les dix prochaines années.
Dans la réserve, il est interdit de se mettre de l’anti-moustiques, de la crème solaire, de fumer et d’avoir une bouteille en plastique (demain, je vais jouer à « Gourde plastoc » et on verra comment je m’en sortirais).

Ou comment commencer une collection de colliers
Dans mon groupe, nous sommes 6, deux retraitées de Medellin et trois copines quinqua autrichiennes. Bref, je suis le jeunot.
Et nous partons vers 13h30 sur un premier site, près de Caño et de la Serraneria de la Macarena (où on ira demain), histoire de se mettre en jambes et de voir un petit cours d’eau où la plante juste sous la forme rouge est présente. C’est 30-45 minutes pour y aller, sur une route de terre qui vient donc de se prendre un gros coup de flotte + quelques passages de rivière. Le véhicule dérape bien, s’enlise légèrement en s’en sortant toujours. On avait quelques petits trucs comme ça en Australie mais là, niveau dérapage, c’est du lourd (pas encore niveau passage d’eau). Durant le trajet, à la suite du passage d’un hélicoptère militaire, la discussion s’amorce sur leur présence à La Macarena. La ville est en fait une place centrale pour recevoir les stocks militaires qui sont ensuite répartis dans les zones alentour, de belles zones forestières loin  de tout. Ça permet d’enchaîner sur les FARC. Ils ne sont plus là, c’est fini. Il y a eu le traité et depuis leur départ, les touristes peuvent justement arriver.
Bon… ils sont plus là, ils sont plus là. Bon… imaginons, un éleveur de vaches qui vit dans le coin. Bon, avant, il devait 200 000 COP par tête chaque année au FARC. Maintenant… bon il le fait toujours mais c’est en paix maintenant. Bref, la situation est compliquée, la zone est vraiment en transition mais quand tu creuses le sujet, tu as l’impression d’entendre la présence de la Cosa Nostra, bien implantée en une couche discrète alors qu’elle s’affichait avant. Avant, bon les FARC, c’était pas le fun, « ils ont explosé l’une des deux voitures de mon père » mais au moins, dans le village, ça filait droit. Tu voulais couper du bois, on t’allouait 3 hectares et t’avais pas intérêt à dépasser. Tu voulais pêcher ? Bien sûr que tu peux mais pas à la dynamite, sinon ça va chauffer pour tes oreilles. On peut hésiter à la lecture mais tout ce que je dis est vrai.
Maintenant qu’ils ne sont plus là les gens font un peu plus n‘importe quoi  mais en parallèle, le tourisme est devenu la deuxième ressource du pays, après l’élevage.
Ce tour s’avère aussi intéressant sur le plan politico-social qu’environnemental.

Petite ambiance jungle et poursuite


Notre destination est au pied de cette colline.
On arrive sur le site, on se balade un peu, je prends plein de photos de paysage, une réussie d’un oiseau mais j’en ai vu quelques autres. De toute façon, je suis venu ici dans l’optique de voir un beau site naturel. Chaque observation de piafs est considérée comme un bonus. Partant là-dessus, je ne peux qu’être ravi.
Sur le chemin du retour, je suis déjà enchanté par cette mise en bouche, dans la verdure, loin de Bogota, dans le sauvage, dans une jeep-camionnette qui glisse, dans ce décor vallonné. Je jubile.
Pour la soirée, de nouveau, on reprend tous les gens arrivés aujourd’hui et on les emmène se perdre à l’autre bout de la ville (deux passages de petits ponts du type ponts de singe en bien aménagé, donc oui, on veut nous perdre) pour un repas, assiette sur les genoux, pendant qu’un groupe local joue des classiques de la culture colombienne et que des enfants pratiquent leur danse traditionnelle. Le petit couple d’ados m’a bien scotché tout de même avec leur rapidité. A 20h40, c’est fini (ouf, j’en avais un peu ras la casquette) et retour au bercail. Demain, petit-déj à 7h, départ à 8, espérons qu’il ne pleuve pas pendant qu’on sera dehors.



La Macarinea clavigera, endémique.

Un couple, pas farouche pour un sou. Je n'ai plus qu'à trouver son nom.

Cette plante de la famille des Melastomatacea vit en symbiose avec une espèce de fourmis. Elle est creuse et offre un réseau aux insectes en échange leur protetion.

Quand on se déplace en véhicule par voie terrestre, c'est avec ça.

La voiture, c'est pour les mauviettes. Voilà une 4 places économique.



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